Les Girondins ont été l'une des deux principales factions qui ont émergé à la Convention nationale pendant la phase radicale de la Révolution française. Leurs adversaires étaient connus comme les Montagnards ou la Montagne. Ces factions ne peuvent pas être correctement appelées partis politiques - elles manquaient de discipline ou de cohésion parlementaire pour justifier cette étiquette - mais elles se sont fusionnées en groupements lâches, et la lutte entre les Girondins et les Montagnards en est venue à dominer les travaux de la Convention nationale à partir de l'automne 1792. jusqu'à la fin mai 1793, date à laquelle vingt-neuf députés girondins furent proscrits de ce corps.
Les Girondins ont d'abord émergé comme un groupe reconnaissable à l'Assemblée législative, qui a siégé de la fin de 1791 à septembre 1792, et étaient alors connus sous le nom de Brissotins, en raison du rôle de leadership de premier plan joué par Jacques-Pierre Brissot de Warville (1754-1793). Le groupe comprenait les députés Jean-François Ducos (1765–1793), Pierre-Victurnien Vergniaud (1753–1793), Armand Gensonné (1758–1793) et Marguerite-Elie Guadet (1758–1794), tous originaires de Bordeaux dans le département de la Gironde, qui donna à la faction son nom postérieur. En dehors de l'Assemblée législative, les Brissotins bénéficient du soutien de personnalités aussi importantes que Marie-Jean Caritat, marquis de Condorcet (1743–1794), Nicolas de Bonneville (1760–1828), Claude Fauchet (1744–1793), Jean-Marie Roland de la Platière (1734–1793) et sa femme, Manon Roland (1754–1793), dont la maison fonctionnait comme une sorte de salon pour les Girondins sous la Convention nationale.
La quasi-totalité des Brissotins sont réélus à la Convention nationale, où ils sont rejoints par Condorcet, Fauchet, Charles-Jean-Marie Barbaroux (1767-1794), Jean-Baptiste Louvet de Couvray (1760-1797), Jérome Pétion de Villeneuve ( 1756–1794) et Antoine-Joseph Gorsas (1752–1793). Les députés girondins, tous orateurs éloquents, se sont rapidement imposés comme les chefs du groupe. Le premier problème critique auquel ils ont été confrontés a été les massacres de septembre 1792, une vague de meurtres qui a coûté la vie à plus d'un millier de prétendus contre-révolutionnaires dans les prisons de Paris. Bien qu'initialement silencieux, les dirigeants girondins ont finalement condamné les dirigeants des Montagnards - notamment Maximilien Robespierre (1758-1794), Georges-Jacques Danton (1759-1794) et Jean-Paul Marat (1743-1793) - comme les instigateurs de les meurtres, exigeant qu’ils et d’autres soient traduits en justice. Les radicaux à Paris ont rapidement qualifié cette campagne d'hostilité anti-parisienne.
C'est le procès de Louis XVI (1754-1793), déchu de son trône lors du soulèvement du 10 août 1792, qui cristallise l'opposition entre Girondins et Montagnards. Alors que les Girondins de premier plan avaient soutenu la fin de la monarchie, ils étaient réticents à voir le roi exécuté. Ils ont favorisé le appel au peuple, une sorte de référendum national, dénoncé par les Montagnards comme un effort pour nier la volonté du peuple, qui, à leur avis, s'était déjà exprimée dans les rues de Paris. Les Girondins ont dominé le comité constitutionnel, présidé par Condorcet, mais n'ont pas pu rassembler les votes nécessaires pour obtenir l'adoption d'une nouvelle constitution. Ils ont également favorisé le libre-échange, mais ont échoué dans leurs efforts pour empêcher l'adoption de contrôles des prix, connus sous le nom de maximum de céréales. Les Girondins ont favorisé la déclaration de guerre en 1792, mais les revers de cette guerre ont non seulement conduit à la chute du roi, mais aussi finiront par nuire à la fortune politique des Girondins, notamment lorsque le général Charles-François du Périer Dumouriez (1739–1823 ), qui avait des liens personnels avec plusieurs députés, fit défection aux Autrichiens en avril 1793.
D'autres événements ont contribué aux tensions croissantes entre Girondins et Montagnards à la Convention nationale de l'hiver et du printemps 1793. Les députés girondins se plaignaient fréquemment que leur vie était mise en danger par les menaces d'anarchistes et d'assassins à Paris, et ces craintes semblaient étayées en mars par le pillage de l'imprimerie de Gorsas. En avril, les Girondins ont déposé des accusations de mise en accusation contre Marat, qui a régulièrement défendu la violence populaire dans les pages de son journal et appelé à la révocation de tous les députés qui avaient voté pour la appel au peuple. Marat fut cependant acquitté par un jury parisien, ce qui éleva sa réputation et augmenta l'hostilité des radicaux parisiens envers les Girondins. Les députés girondins ont répondu en convoquant une commission de douze pour enquêter sur les allégations selon lesquelles les assemblées de section de Paris complotaient une insurrection contre la Convention nationale. Cette initiative s'est également retournée contre lui. Les arrestations de Jacques-René Hébert (1757–1794) et de Jean Varlet (1764–1832) incitent les militants parisiens plutôt que de les intimider, et l'insurrection que redoutent les Girondins commence le 31 mai 1793.
L'insurrection du 31 mai, bien que menaçante de violence, a été remarquablement pacifique, mais trois jours d'affrontements et de manifestations ont abouti à l'interdiction de vingt-neuf députés girondins de la Convention nationale. Un certain nombre de députés proscrits ont fui Paris pour Caen, où ils ont tenté de rallier leurs partisans provinciaux contre les Montagnards. Ceux qui sont restés à Paris ont été assignés à résidence et traduits en justice en octobre, après la répression de la révolte fédéraliste. Ils moururent à la guillotine le 31 octobre 1793. D'autres, dont Barbaroux, Pétion et Guadet, furent finalement retrouvés en province et se suicidèrent ou furent exécutés. Parmi les principaux Girondins, seul Louvet a survécu à la Terreur et après le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) a repris sa place à la Convention nationale, de même que la plupart des soixante-seize députés qui avaient été expulsés de la Convention pour avoir protesté contre l'interdiction. de leurs dirigeants. Alors que la Révolution embrassait désormais le républicanisme modéré que les Girondins avaient défendu, on ne peut pas dire que les députés girondins eux-mêmes se sont réaffirmés en tant que groupe après Thermidor.