Annales school

En historiographie, le nom Annales fait référence à trois phénomènes interdépendants: (1) une revue fondée par Marc Bloch (1886–1944) et Lucien Febvre (1878–1956) qui existe encore au début du XXIe siècle, «probablement la plus parlée et la plus influente du monde. revue consacrée aux études historiques »(Huppert, p. 873); (2) une «école» ou, plus précisément, un cercle ou un réseau d'historiens francophones et francophones; et enfin (3) un mouvement large et hétérogène qui, sous l'impulsion de la revue du même nom, a profondément renouvelé la manière de penser et d'écrire sur l'histoire, surtout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1929, Bloch et Febvre, tous deux alors professeurs à l'Université de Strasbourg, fondent une nouvelle revue intitulée Annales d'histoire économique et sociale (Annales d'histoire économique et sociale) censée concurrencer, en France, la tradition Revue d'histoire économique et sociale (Revue d'histoire économique et sociale), jugée trop «placide» et trop «juridique» dans son approche, et, sur le plan international, avec la Revue trimestrielle d'histoire sociale et économique (Trimestriel d'histoire sociale et économique), qui avait été discrédité par la conduite des universitaires allemands pendant la Première Guerre mondiale.Dans la diversité de son sujet ainsi que dans sa perspective pluridisciplinaire, qui revenait à une approche déjà pratiquée dans le Année sociologique (Revue de sciences sociales) d'Émile Durkheim (1858-1917), le Annales dépassait les horizons de l'histoire académique dominante pour incorporer tout ce qui pouvait d'une manière ou d'une autre enrichir une histoire conçue comme «totale», au sens durkheimien, ou comme «synthèse» au sens d'Henri Berr (1863– 1954).

Alors que les premiers travaux de Bloch, Febvre et de leurs plus proches collaborateurs (notamment Georges Lefebvre; 1874–1959), ainsi que d'autres tels que le grand historien belge Henri Pirenne (1862–1935) ou l'émigrée juive autrichienne Lucie Varga (1904–1941) ), concentrée sur des problèmes particuliers de l'histoire sociale ou sur une nouvelle perspective de l'histoire régionale française ou européenne, avec un accent particulier sur le phénomène anthropologique des «mentalités», l'arrivée de Fernand Braudel (1902-1985) à la tête de la revue conduit, dans les années 1950, à un virage méthodologique vers une histoire quantitative et des études «à long terme» calquées sur les travaux de Braudel lui-même, notamment La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II (2 volumes, 1949; La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, 1972–1973) et Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe–XVIIIe siècle (3 vol., 1967-1979; Civilisation et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, 1981 – 1983).

En raison du soutien institutionnel que le Annales tirée de la notoriété de ses collaborateurs dans la «sixième section» de l'École pratique des études (connue depuis 1975 sous le nom d'École des Hautes Études en Sciences Sociales) - dirigée par Febvre, puis par Braudel, puis par Jacques Le Goff (né en 1924 ), François Furet (1927–1997), etc. - la démarche intellectuelle associée à son nom au fil des ans prend la forme d'un véritable mouvement qui s'étend rapidement au-delà des frontières de la France. En cours de route, et au fil des générations, le "Annales Les paradigmes, "comme l'appelait le savant Jacques Revel, ont changé. Suite à la domination de l'histoire socio-économique" totale "puis de" l'histoire des mentalités ", depuis les années 1970, des prédilections particulières pour l'anthropologie historique puis pour la" microhistoire "se sont manifestées. certes, la sociologie en tant que discipline est restée le cadre de référence auxiliaire le plus important, mais le fonctionnalisme et le structuralisme des jours passés ont été succédés, sous l'impulsion de Jacques Revel et Bernard Lepetit (1948-1996) notamment, par un fort antidéterministe orientation entièrement centrée sur les «agents» et leurs «conventions» mutuelles. En 1994, ce «tournant critique» se traduit par une réorganisation du comité de rédaction et un nouveau sous-titre: Annales. Histoire, sciences sociales.

Parmi les nombreuses critiques faites à la Annales, on notera surtout l'accusation selon laquelle elle se limitait trop exclusivement au passé lointain du début de la période moderne ou du Moyen Âge, voire de l'Antiquité, alors que les XIXe et XXe siècles - bref, la période contemporaine, avec ses effets sur le présent - n'apparaissait que comme une sorte de parent pauvre: sous-estimé et méconnu. Mais à y regarder de plus près, ce reproche n'est que partiellement justifié. En fait, pendant l'entre-deux-guerres de Bloch et de Febvre Annales consacré de nombreuses études et encore plus de résumés et de revues aux événements sociaux, économiques et même politiques actuels - et donc, aux crises économiques, au fascisme, au nazisme et au régime soviétique. Au moment de sa création, en outre, il était clair que le Annales ne s'adressait pas uniquement à des lecteurs universitaires, mais aussi à un lectorat d '«hommes d'action». Cela a été repris dans d'innombrables articles sur le monde des affaires, et la présence de plusieurs économistes et banquiers (Charles Rist, Alfred Pose) au sein du comité de rédaction élargi semble souligner que «l'esprit de la Annales"visait à comprendre le passé du point de vue des préoccupations présentes - et vice versa. Ce n'était que pendant les années 1950 et 1960 - en d'autres termes, dans le contexte de la guerre froide - et lorsque la revue elle-même est devenue une" grande entreprise multinationale, "que cet amarrage dans le présent était en quelque sorte perdu. D'autres revues françaises ont depuis plus ou moins adopté une Annales approche de type dans leurs domaines respectifs: Le mouvement social, Vingtième siècle, et ainsi de suite, même si la question du rapport entre «société» et «politique», entre «structure» et «événement», ou entre «long» et «court» terme est restée l’un des principaux sujets de débat en historiographie.