Darlan, françois (1881–1942)

Amiral français.

Jean-François Darlan, amiral de la flotte, un titre qu'il avait ordonné de remettre en service pour lui-même et qui n'a jamais été utilisé depuis, reste une figure très controversée. Différents historiens lui ont attribué des intentions contradictoires et douteuses, il faut donc se tourner plutôt vers les faits.

En tant que membre d'une famille de la marine qui s'était lancée dans la politique (son père avait été député de Lot-et-Garonne et ministre de la justice de 1896 à 1897), il rejoignit également la marine mais vit peu d'action, du moins en mer . Pendant la Première Guerre mondiale, il combattit presque toujours sur terre et, dans les années qui suivirent, il fut souvent ministre d'État. Il avait la réputation de pencher vers la gauche, ce qui était rare dans la marine, et c'est Léon Blum qui le nomma amiral chef d'état-major en 1937. Il est un peu exagérément glorifié comme le créateur de la grande flotte que la France possédait lors du déclenchement. de la Seconde Guerre mondiale en 1939. Les vents violents de la journée ont joué contre autre chose que son utilisation limitée au combat, cependant. Une partie de la flotte est détruite lors du raid sur Mers El-Kebir en juillet 1940 par les Britanniques, qui craignent qu'elle ne tombe entre les mains des Allemands. La majorité de la flotte fut cependant sabordée dans le port de Toulon en novembre 1942, lorsque les Allemands envahirent la «zone franche».

L'amiral Darlan était une figure de premier plan sous le gouvernement collaborationniste de Vichy. Il avait été engagé comme ministre de la Marine par le maréchal Philippe Pétain le 16 juin 1940, sous le dernier gouvernement de la IIIe République. Mais ce n'est qu'après la défaite de 1940 qu'il accède aux échelons les plus élevés. Anglophobe, comme le faisaient traditionnellement les marins français, surtout après les événements de Mers El-Kebir, il est vite convaincu de la nécessité de collaborer avec l'Allemagne, dont la victoire paraît certaine. Sa position était en fait très proche de celle de Pierre Laval, et quand un complot éclata en décembre 1940 pour supplanter le commandant en second de Pétain, qui tenait les véritables rênes du pouvoir, Darlan le remplaça comme vice-premier ministre et successeur désigné. Bien que certains aient dit que Darlan avait en privé des réserves sur la Révolution nationale, dans la pratique, il était un fervent partisan, et c'est sous son gouvernement que toute une série de mesures ont été prises, y compris la création du Comité général sur la question juive, le passage du deuxième ensemble de lois antisémites, les tribunaux spéciaux pour juger les membres de la Résistance et la Charte du travail. Surtout, c'est pendant le mandat de Darlan qu'une augmentation sensible de la collaboration avec les Allemands s'est produite. Dans l'espoir de forger un accord politique, auquel les Allemands n'avaient pas l'intention d'accepter, Darlan a offert une coopération militaire, qui comprenait l'accès des Allemands aux aérodromes en Syrie et aux ports de Bizerte et de Dakar. Au fur et à mesure que les événements se déroulaient après l'entrée en guerre de l'Union soviétique et des États-Unis, ces tentatives échouèrent à obtenir des concessions de la part des Allemands, qui craignaient que l'amiral Darlan ne change de camp et dont ils estimaient qu'il n'était pas l'homme dont ils avaient besoin. Ils ont réintégré Laval à son poste de pouvoir en avril 1942, bien que Darlan soit resté commandant de l'armée.

Son sort fut déterminé quelque peu par hasard, puisqu'il se retrouva à Alger lors du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942. Ce fut l'occasion pour lui de changer de camp - il entendait maintenir un régime à la Vichy alors qu'il était à en même temps, ralliant les chefs des territoires coloniaux, ainsi que d'autres forces françaises exilées à la cause alliée, même s'il avait récemment ordonné à ces forces de tirer sur les Alliés. Il est engagé dans un jeu très complexe et ambigu, auquel les gaullistes s'opposent avec virulence, lorsqu'il est assassiné par Bonnier de la Chapelle, un jeune membre de la Résistance aux tendances monarchistes. S'agit-il d'un acte isolé ou du résultat d'un complot? La vérité ne sera jamais connue, étant donné la hâte évidente des autorités locales d'exécuter le meurtrier de l'amiral par peloton d'exécution. En France continentale, le public n'est pas dupe: Darlan, trop visible pour pouvoir changer de camp au moment voulu comme d'autres réussissent à le faire, est un vichyiste et un collaborateur qui a été exécuté pour ses actes.