Geffroi de villehardouin

L'historien et soldat français Geffroi de Villehardouin (vers 1150-1213) fut le premier chroniqueur français à écrire dans la langue vernaculaire et dont les écrits méritent une reconnaissance littéraire.

Geffroi de Villehardouin est né au château de Villehardouin près de Troyes, en Champagne. Maréchal de Champagne après 1185, il entretient des relations politiques étroites avec le comte Thibaut III de Champagne. Villehardouin est envoyé avec le chanoine de Béthune et quatre autres à Venise pour négocier des navires pour la quatrième croisade. Peu de temps après leur retour, Thibaut est mort. Mais Villehardouin, excellent diplomate, orateur persuasif et négociateur prudent, continua ses travaux, et bientôt Boniface de Montferrat fut nommé commandant suprême de la croisade. Tout au long de la croisade, Villehardouin a été témoin oculaire des événements qu'il a enregistrés. Après la chute de Constantinople en 1204, il resta à l'Est, recevant le titre de maréchal de Roumanie (nom alors donné à Thrace). Le titre passa à son fils en 1213, vraisemblablement au moment de la mort de Villehardouin.

De la conquête de Constantinople (La conquête de Constantinople) est la seule œuvre connue de Villehardouin. Rédigé en prose claire, il met l'accent sur les campagnes globales de la quatrième croisade plutôt que sur les exploits individuels. L'auteur n'a jamais sciemment menti dans sa chronique, mais il a tenté de justifier les déviations de la croisade par rapport à ses objectifs originaux en Égypte et à Jérusalem.

Le premier de ses neuf livres explique les origines de la croisade, et le second raconte les négociations de Venise. La troisième partie révèle des inquiétudes concernant l'insuffisance des fonds, les négociations, les propositions initiales du prince Alexis de Constantinople et l'embarquement de l'armée franco-vénitienne en août 1202. La quatrième raconte la prise de Zara et le mécontentement du pape Innocent III, qui était profondément impliqué dans la croisade. Le cinquième rend compte d'une mission parallèle en Grèce. Le sixième livre, qui contient certaines des plus belles pages de la chronique, décrit l'arrivée des croisés à Constantinople. Après un siège de sept jours seulement, la ville capitule le 18 juillet 1203 et l'usurpateur Alexis II prend la fuite. Alexis IV est couronné le 1er août. Les trois derniers livres racontent la rupture des croisés avec Alexis IV et la seconde prise de la ville; la distribution systématique et par rangs du butin; le couronnement de Baldwin de Flandre; et la conquête des territoires environnants. La longue narration, parfois stimulante, parfois dégoûtante, est racontée avec une candide simplicité rarement égalée par les historiens ultérieurs.

lectures complémentaires

Une traduction littérale de l'œuvre de Villehardouin est Mémoires des croisades de Villehardouin et De Joinville, traduit par Sir Frank T. Marzials (1908; plusieurs éditions ultérieures). Le récit de Villehardouin est examiné de manière critique dans Kenneth M. Setton, éd., Une histoire des croisades (vol. 1, 1969). Edwin Pears est également utile pour le fond, Destruction de l'empire grec (1903). □