Marat, Jean-Paul

MARAT, JEAN-PAUL (1743–1793), journaliste politique révolutionnaire français, médecin et chef de la montagne Jacobin.

Jean-Paul Marat est surtout connu de la postérité pour deux choses: d'abord, son journal populiste, pour ne pas dire L'ami du peuple (Ami du peuple), phrase qu'il a également adoptée pour son sobriquet révolutionnaire; et deuxièmement, la peinture de Jacques-Louis David de son assassinat, aux mains de Charlotte Corday, alors qu'il était nu dans son bain huileux, où il trouva un léger soulagement de l'eczéma qui recouvrait sa peau disgracieuse et exacerbait son âme déjà acerbe.

Né le 24 mai 1743 à Boudry, Neuchâtel, et donc sujet prussien francophone dans sa jeunesse, Marat ne s'intéressa qu'à la politique avant la convocation des États généraux en mai 1789. La médecine était sa vocation. Il commence à suivre des cours à Paris en 1762 et en 1765 s'installe à Londres, où il soigne les maladies vénériennes. L'Université de St. Andrews, en Écosse, un moulin à diplômes pour les diplômes supérieurs, lui décerna un doctorat en 1775. Sur ce, il retourna à Paris et ouvrit un cabinet général, non sans un certain succès. Parmi ses clients se trouvait une dame renommée, la marquise de Laubespine, et il fut nommé médecin de la garde du corps du comte d'Artois, frère du roi Louis XVI (et futur Charles X).

Deux premiers écrits, Un essai philosophique sur l'homme (1773) et Chaînes de l'esclavage (1774), étaient respectivement philosophiques et politiques. Dénonçant la tyrannie, ce dernier a donné un avant-goût de ce qui allait arriver. Cependant, le prestige de la science était tel à la fin des Lumières que Marat pensait s'élever au-dessus du statut de petit bourgeois plutôt que par cette voie que par les lettres, la médecine ou les affaires publiques. Entre 1778 et 1789, il sollicita l'élection à l'Académie des sciences de Paris et l'assiégea avec une série de mémoires expérimentales sur le feu, la chaleur, la lumière, la couleur et l'électricité. Certains effets qu'il produisit en faisant briller un rayon de soleil à travers un microscope modifié n'étaient ni connus ni vides, mais ils étaient au mieux d'un intérêt mineur et n'avaient rien de la signification cosmique et anti-newtonienne qu'il revendiquait pour eux. Les commissions académiques ont examiné les premières soumissions de manière correcte, quoique légèrement dédaigneuse, après quoi l'académie l'a ignoré - car Marat s'est fait un malheur. D'un tempérament paranoïaque, il attribuait toujours les revers à la persécution et aux complots. La chance de se venger est venue avec la Révolution. Sa diatribe Les charlatans modernes (1791; Les charlatans modernes) excorie ses oppresseurs de l'establishment scientifique, parmi lesquels Antoine-Laurent Lavoisier et Pierre-Simon Laplace. Elle eut une influence majeure préparant l'opinion publique à la suppression de l'Académie des sciences le 8 août 1793 dans la vague d'hostilité aux privilèges et à l'autorité de toutes sortes qui accompagna la Terreur.

Persécuté par l'Académie des sciences, Marat écrivit peu de temps avant sa mort qu'il avait accueilli la Révolution pour l'opportunité d'atteindre une place convenable dans le monde. Marat était un écrivain vif et est devenu un journaliste polémique, extériorisant ses propres ressentiments pour défendre les pauvres, les opprimés, les misérables de la terre, en bref, le prolétariat. Le premier numéro de L'ami du peuple parut en septembre 1789. Marat commença avec l'éloge de la perspective d'une société juste. Telle était son caractère méfiant que les numéros successifs se mirent bientôt à dénoncer l'infidélité, voire la perfidie, des institutions et des personnes au pouvoir: la Commune de Paris et son maire, Jean-Sylvain Bailly; l'Assemblée constituante et son premier porte-parole, le comte de Mirabeau; la garde nationale et son commandant, le marquis de Lafayette; la famille royale et sa trahison potentielle; l'Assemblée législative et sa soumission aux modérés et aux ministres d'État; et l'armée et son commandant initialement victorieux, Charles-François du Périer Dumouriez. Les paranoïdes ne sont cependant pas ipso facto faux. Telle était l'incompatibilité des factions que les soupçons de Marat étaient souvent exacts, comme dans les exemples entre autres de la famille royale, Mirabeau et Dumouriez.

Marat ne devait pas son effet à la force de ses idées politiques, banales en elles-mêmes, mais à l'éclat de son style. C'était un génie invectif à une époque de haines latentes éclatées au grand jour. Ses écrits incendiaires lui ont valu plusieurs arrestations et détentions. Il a souvent dû se cacher tout en continuant à publier à intervalles irréguliers. A deux reprises, il s'est réfugié à Londres. Il n'y a aucun moyen de mesurer l'étendue de son influence en convoquant la foule dans les rues les jours insurrectionnels d'octobre 1789, qui ont amené la famille royale de Versailles à la captivité virtuelle à Paris; pour le soulèvement du 10 août 1792 qui renversa la monarchie; et pour les massacres qui ont suivi en septembre. Mais il ne fait aucun doute que son incitation a été un facteur efficace.

Ce n'est qu'avec l'élection à la Convention nationale en septembre 1792 que Marat a occupé un poste politique. Dans la lutte entre la Gironde et la Montagne des Jacobins qui a défini la première phase de l'histoire de cet organisme, Marat s'est opposé polémiquement à ce dernier. Ses attaques devinrent si vicieuses, appelant à quelque chose comme une dictature du peuple, que la faction girondine, à peine dominante tout au long de l'hiver et du début du printemps 1792 à 1793, vota son inculpation pour actes incendiaires. C'était une victoire à la Pyrrhus. Acquitté le 14 avril, Marat est porté hors de la salle d'audience sur les épaules de la foule. Son triomphe conduit directement à la révolte du 31 mai qui force l'expulsion des députés girondins de la Convention et ouvre la voie à la dictature jacobine de la Terreur. Le 13 juillet, la veille du XNUMX juillet, Charlotte Corday, fille d'une famille normande pieuse et royaliste, accède à la demeure de Marat et poignarde à mort l'incarnation de la Révolution impie.