Sévigné, marie de

SÉVIGNÉ, MARIE DE (Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné; 1626-1696), écrivain français. Madame de Sévigné occupe une place particulière dans l'histoire de la littérature française. Elle est l'un des écrivains les plus connus de la langue, mais elle n'a jamais rien écrit destiné à être publié. Sa renommée provient exclusivement de sa correspondance, composée de milliers de lettres publiées pour la première fois après sa mort. Elle est née à Paris d'une mère issue d'une riche famille bourgeoise et d'un père qui était un noble bourguignon titré. Orpheline à un jeune âge, elle a grandi dans la grande maison affectueuse de ses grands-parents maternels. Elle a reçu une éducation sous leur tutelle qui a mis l'accent sur de larges lectures dans la littérature française et italienne et dans la religion. Sa grand-mère paternelle était Jeanne de Chantal, fondatrice, avec François de Sales, de l'ordre religieux de la Visitation.

Après son mariage en 1644 avec Henri de Sévigné, un jeune noble, Marie a deux enfants: Françoise-Marguerite, née en 1646, et Charles, né en 1648, et la famille s'installe au domaine de Sévigné en Bretagne. Elle était veuve après sept ans de mariage lorsque son mari a été tué dans un duel disputé contre une maîtresse. Elle retourne ensuite dans le quartier du Marais à Paris, où elle a passé sa jeunesse, et où elle est rapidement assimilée dans les cercles sociaux d'élite de la cour et de la ville. En tant que veuve de quelques moyens et bénéficiant du soutien de sa famille élargie, Mme de Sévigné avait une liberté considérable dans la conduite de sa vie. Elle ne s'est jamais remariée, mais a entretenu une vie d'amitié étroite avec de nombreuses personnalités de la scène littéraire, culturelle et politique française: Marie de La Fayette, Madeleine de Scudéry, François, duc de La Rochefoucauld, Jean François Paul de Gondi, le cardinal de Retz et Jean de La Fontaine. Les liens étroits de Sévigné avec le cercle patronné par Nicolas Fouquet (1615-1680), ministre des Finances dans les premières années du règne de Louis XIV, l'entraînent dans les débats qui polarisèrent la haute société parisienne lors du procès de Fouquet pour trahison en 1664. Ses lettres écrites pendant le procès offre une interprétation subtile des événements politiques et un récit vivant et dramatique.

Au fil du temps, Sévigné va voir d'autres amis proches souffrir de la disgrâce ou de l'exil. Ses lettres invitaient ses correspondants éloignés à poursuivre leur participation aux conversations sociales et à rester, au moins par l'écriture, à «l'intérieur». Dans ses lettres à son cousin Roger de Rabutin, comte de Bussy, qui a passé la majeure partie de sa vie d'adulte à essayer en vain de regagner la faveur à la cour, elle a régulièrement rapporté comment ses lettres étaient lues à haute voix, absorbées dans le dialogue social et dotées d'un réel pouvoir dans un monde où potins et action politique n'étaient jamais très éloignés. Pour d'autres correspondants qui ont passé des périodes loin de la capitale, elle est devenue une source d'information précieuse, et ses propres lettres ont été diffusées, lues et admirées par de nombreux lecteurs, qui les appréciaient autant pour leur style spirituel et conversationnel que pour les nouvelles qu'elles contenaient. La correspondante principale de Sévigné sera sa fille, Françoise-Marguerite, qui en 1671 s'installe en Provence avec son nouveau mari, le comte de Grignan. Les trois quarts des lettres de Mme de Sévigné que nous connaissons aujourd'hui ont été écrites de mère en fille. Ils révèlent une relation intense, souvent contradictoire. Le déménagement de Madame de Grignan en province a précipité chez sa mère un profond sentiment d'isolement, une expérience nouvelle pour cette femme connue de tous pour être un parangon de sociabilité. En construisant sa correspondance avec sa fille, Sévigné a découvert sa vocation d'écrivain. Ses lettres écrites de Paris sont de riches chroniques personnelles d'événements en coulisses dans un milieu social extrêmement instable. Ses lettres écrites depuis sa propriété familiale en Bretagne évoquent des souvenirs plus intimes qu'elle peut partager avec sa fille. Elle remplit ses descriptions des bois et de la propriété familière d'allusions à leur goût commun pour la romance pastorale, et invite son correspondant à s'imaginer avec elle dans la même compagnie stable de leurs paysages et livres préférés. Durant l'hiver et le printemps 1696, alors que Sévigné rendait visite à sa fille à Grignan, Françoise-Marguerite souffrit d'une longue maladie. Sa mère s'épuisait à s'occuper d'elle. En avril, la femme plus âgée est tombée malade et est décédée deux semaines plus tard.

La mère et la fille se sont rendues visite pendant de longues périodes, mais leur expérience répétée de séparation et de retrouvailles a inspiré la lutte permanente de Sévigné en tant qu'écrivain pour trouver des mots pour exprimer sa passion. Le thème de l'insuffisance du langage pour communiquer l'amour revient à travers la correspondance de Madame de Sévigné. Pour mettre en mots son sentiment maternel, elle a puisé dans une multitude de discours de sa culture - le langage de la prière, de l'amour érotique et du mythe - et, ce faisant, elle a conçu une image de la passion d'une mère qui est devenue un modèle important pour la littérature. , discussions historiques et psychologiques sur le lien mère-fille. Récit intime et articulé d'une longue vie pleinement vécue, les lettres de Sévigné ont été la lecture préférée des grands écrivains de Voltaire à Virginia Woolf.