Édit de Nantes

Nantes, édit du. Alors que les catholiques affluaient aux côtés d'Henri IV après sa conversion au catholicisme en 1593, les calvinistes français, ou huguenots, ont commencé à envisager la possibilité autrefois impensable qu'ils devraient entrer en guerre contre l'homme même qui avait pendant si longtemps défendu leur cause. Un signe de leur désaffection est le fait que peu de Huguenots apportent leur soutien à la guerre du roi contre l'Espagne, déclarée en 1595. Ils craignent vivement que leur précaire liberté de culte ne leur soit enlevée. Henri IV redoutait également l'idée de combattre les huguenots, même si la pression catholique se développait sur lui pour restreindre leurs droits afin de prouver sa sincérité en tant que catholique. La situation exigeait une action décisive du roi, de peur qu'une nouvelle guerre de religion n'éclate, d'autant plus que les négociations pour mettre fin à la guerre avec l'Espagne avancent, aboutissant au traité de Vervins en mai 1598.

Dans un geste audacieux pour éviter cette crise, Henri IV parvint à un règlement historique avec les huguenots le 13 avril 1598 dans l'édit de Nantes. Ce fameux accord a été vu comme un pas en avant important pour l'idée de la tolérance religieuse ainsi qu'une victoire pour l'idée que la politique prime sur la religion. Cependant, après un examen plus approfondi, aucune de ces interprétations ne peut être soutenue. L'édit de Nantes a déclaré comme son objectif principal l'éventuelle réunion pacifique des sujets du roi dans une foi convenue. En attendant, le roi a souhaité assurer la coexistence religieuse des deux confessions pour que ce processus de retrouvailles puisse se poursuivre. L'édit de Nantes a donc affirmé l'héritage français séculaire «d'un roi, une foi, une loi» plutôt que d'attendre avec impatience les idées modernes de tolérance et de laïcité. Cela témoignait davantage de l'autorité croissante de la Couronne que de toute volonté d'accepter les différences religieuses de façon permanente.

Dans l'édit de Nantes, Henri IV a tenté de résoudre le dilemme auquel il était confronté: rassurer les huguenots sans s'aliéner les catholiques. Un examen plus attentif de l'édit montre comment il espérait atteindre ces objectifs contrastés. Quatre documents distincts composent en fait l'édit de Nantes. Le premier se composait de quatre-vingt-douze articles généraux, tandis que le second contenait cinquante-six «articles secrets» qui accordaient des exemptions des articles généraux à des villes et à des personnes particulières. Les deux derniers documents étaient des brefs royaux connus sous le nom de brevets. La raison de toute cette complexité dans l'édit provenait des circonstances politiques auxquelles Henri IV était confronté. Les deux premières séries d'articles devaient être enregistrées au Parlement de Paris, qui était le tribunal de grande instance de France, pour avoir force de loi. Les brevets royaux, en revanche, n'avaient pas besoin d'être enregistrés car ils prenaient fin une fois que le roi qui les avait initialement délivrés était décédé. Ils étaient donc de nature provisoire. Henri IV a mis les concessions les plus controversées aux Huguenots dans les brevets royaux car il savait que le Parlement de Paris, qui était contrôlé par les catholiques, ne les enregistrerait jamais. En fait, il a fallu près d'un an au Parlement pour accepter les deux premières séries d'articles. Combien de temps durerait l'édit de Nantes était donc, d'un point de vue légaliste, une question ouverte d'emblée. La déclaration d'Henri IV dans le préambule selon laquelle l'édit était «perpétuel et irrévocable» ne signifiait en fait que jusqu'à ce qu'un autre édit soit publié et enregistré pour le remplacer.

Les dispositions de l'édit de Nantes ne sont pas novatrices mais renvoient assez explicitement à des édits antérieurs de pacification, comme la paix de Bergerac (1577) et la paix de Fleix (1580), parfois mot pour mot. Premièrement, le roi a consigné tous les événements depuis 1585 dans l'oubli, faisant du crime de réveiller les souvenirs de griefs passés. Le décret reconnaissait le droit des huguenots à la liberté de conscience et à la liberté de culte dans toutes les villes qu'ils contrôlaient à partir d'août 1597. Il garantissait également le droit des huguenots d'exercer des fonctions politiques et créait de nouveaux tribunaux spéciaux avec des juges huguenots et catholiques pour faire appliquer les dispositions de l'édit. Dans le même temps, l'édit de Nantes répondait également aux préoccupations catholiques. Il a réaffirmé, par exemple, le caractère catholique de la couronne et du royaume. Alors que les huguenots ne pouvaient adorer que dans des zones spécialement désignées, les catholiques pouvaient pratiquer leur foi partout en France. En fait, l'édit de Nantes appelait à la réintroduction du catholicisme dans des lieux où les huguenots l'avaient depuis longtemps interdit, notamment le Béarn. Tous ces principes généraux de la première série d'articles sont devenus nettement moins fermes lorsque l'on considère toutes les exceptions à eux contenues dans la deuxième série de «secrets». Les concessions les plus importantes aux huguenots sont venues dans deux brevets royaux, dont le premier offrait de généreux des fonds royaux pour aider à subventionner l'Église calviniste française, tandis que le second permettait aux huguenots de fortifier et de garnir les villes sous leur contrôle. Ces mesures assurent ainsi la sécurité financière et militaire des huguenots, mais seulement pendant qu'Henri IV était roi.

L'édit de Nantes a ainsi mis un terme temporaire aux guerres de religion, qui ont éclaté une fois de plus après l'assassinat d'Henri IV en 1610 alors que les huguenots tentaient d'obtenir les gains substantiels qu'ils avaient réalisés dans les brevets royaux. Ils ont finalement échoué à le faire lorsque le fils d'Henri IV, Louis XIII, a finalement vaincu les Huguenots en 1628 après le siège de La Rochelle. Louis XIII dépouilla les huguenots de leur ancienne indépendance militaire et de leurs subventions dans la grâce d'Alais (1629), tout en reconnaissant leur droit au culte dans des lieux déjà établis. Les dispositions des deux séries d'articles prirent fin en 1685 lorsque le petit-fils d'Henri IV, Louis XIV, révoqua les dispositions restantes de l'édit de Nantes dans l'édit de Fontainebleau. Il l'a fait parce qu'il croyait à tort que la plupart des huguenots étaient retournés dans l'Église catholique. La persécution qui en a résulté a forcé l'Église calviniste française à entrer dans la clandestinité, tandis que de nombreux huguenots ont émigré en Allemagne, en Angleterre et en Amérique du Nord. Les calvinistes français n'ont bénéficié du droit de culte public que plus tard, en 1787, juste avant la Révolution française.