François-Xavier Garneau (1809-1866) était un historien canadien-français dont «Histoire du Canada» était la première interprétation sérieuse du passé du Canada.
Les parents de François-Xavier Garneau étaient analphabètes et son éducation primaire était rudimentaire. Mais il a eu la chance d'aller, à l'âge de 11 ans, dans une nouvelle école fondée par Joseph-François Perrault, dont les efforts remarquables pour élever le niveau de scolarité du Québec ont dû profondément marquer cet élève.
Voyages et premiers emplois
Ainsi, à l'âge de 16 ans, Garneau a été apprenti auprès de l'avocat aisé Archibald Campbell, ce qui lui a valu un statut professionnel et un enrichissement culturel considérable. Pendant ce temps, il fait son premier voyage à New York et publie son premier poème.
En 1831, Garneau entreprit une visite en Angleterre qui dura près de 2 ans et comprit deux voyages en France. Il avait ainsi une vision directe de la constitution britannique pendant la période de la Grande Réforme. Il a participé activement au progrès constitutionnel du Canada et à la protection des droits des Canadiens français. Garneau noue également des contacts littéraires et intellectuels et tient un journal. Ce dernier a fourni la substance de son Voyage en Angleterre et en France (1854 et 1855).
De retour au Québec en 1833, Garneau passa les 10 années suivantes à diverses professions. Il a également fondé deux revues éphémères, L'Abeille canadienne (1833-1834) et L'Institut (1841), ainsi que la contribution de poèmes et d'articles politiques à l'Étienne Parent Le Canadien. Garneau ne participa pas à la rébellion de 1837 mais réagit contre les mesures répressives qui suivirent, prenant notamment la cause de la préservation de la langue française au Canada.
Travaux majeurs
L'année 1845 voit la publication du premier volume de Garneau Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours (L'histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à notre époque), les deux volumes suivants parus en 1846 et 1848. La réception initiale était mitigée, mais elle comprenait des dénonciations anonymes de l'œuvre comme anti-catholique et anti-canadienne (ce dernier terme faisant référence, à cette époque, exclusivement aux Canadiens français). La cause de ces attaques était l'évaluation par Garneau de la ancien régime. Selon l'interprétation de Garneau, les maux de l'absolutisme, aggravés par l'éloignement de la métropole, ont privé les colons français de la saine croissance indépendante dont jouissaient leurs voisins anglais. Les jésuites, bien qu'admirés pour leur courage et leurs découvertes, ont été blâmés pour le manque d'éducation éclairée. Pas découragé au début par la critique, Garneau acheva sa première édition et fut voté 250 £ par la législature en 1849.
Une deuxième édition en 1852 a ajouté un quatrième volume sur la période de 1792 à 1840, donnant à l'auteur plus amplement l'occasion de montrer son patriotisme, toujours couplé à sa réflexion sur le libéralisme constitutionnel. Ce Garneau a pu se développer dans une troisième édition avec un Préface ainsi que d'un Discours préliminaire (1859). À ce moment-là, cependant, il se sentait moins sûr de lui. Une documentation accrue avait commencé à assombrir certaines de ses affirmations audacieuses; la marée mondiale du nationalisme libéral diminuait; des malheurs familiaux et financiers avaient fait des ravages sur l'homme. Garneau a retiré certaines des remarques anticléricales de son texte et inséré des déclarations plus résonnantes sur la langue, la religion et le destin national. Mais la contradiction latente entre le nationalisme conservateur et le libéralisme des Lumières n'a pas été supprimée par de tels gestes. Le dévouement inconditionnel de Garneau à ces deux éléments donne à l'œuvre une tension qui n'est pas le moindre élément de son succès. De plus, ses tentatives de remonter aux sources principales constituaient une étape pionnière vers l'historiographie moderne, car ses efforts étaient plus limités par la disponibilité des documents que par son parti pris nationaliste.
C'est en tant que composition littéraire que le Histoire reste exceptionnel. L'implication personnelle de Garneau et sa rhétorique fluide rivalisent avec sa tentative d'objectivité pour rendre le passé dramatiquement présent au lecteur. Parmi les thèmes majeurs figurent le courage militaire de la habitants, L'abandon du Canada par la France, le caractère collectif du peuple comme déterminant de l'histoire et l'ascendance normande commune des Canadiens et des Anglais. Garneau a montré de façon convaincante comment l'habileté politique pouvait remplacer la prouesse militaire pour défendre les intérêts et l'honneur des Canadiens. Il mourut en 1866, laissant une réputation grandissante et une influence durable sur la pensée canadienne-française.
lectures complémentaires
Une étude générale enrichissante avec des extraits de l'œuvre de Garneau est Gustave Lanctôt, François-Xavier Garneau (1927). Une biographie plus courte et un contexte historique général sont dans Mason Wade, Les Canadiens français, 1760-1967 (1955; rév. Ed., 2 vol., 1968). □