GÉRICAULT, THÉODORE (1791–1824), peintre, dessinateur, lithographe et sculpteur français.
Théodore-Jean-Louis-André Géricault est né dans une famille bourgeoise récemment enrichie qui a déménagé de Rouen à Paris en 1796. Après le décès de sa mère en 1808, il a reçu une rente qui lui a permis de poursuivre une carrière artistique dans une relative indépendance financière malgré celle de son père. Réservations. Après une brève période dans l'atelier de Carle Vernet, il entame une formation académique rigoureuse avec Pierre-Narcisse Guérin, mais ne suit les cours que pendant six mois environ. Sa formation initiale a été marquée par une application irrégulière à la routine attendue et des efforts indépendants pour s'éduquer en copiant les maîtres établis et en s'inspirant de la vie.
Il a cherché un succès précoce au Salon (une grande exposition publique normalement tenue tous les deux ans au Louvre) en 1812 avec son Charging Chasseur. L'œuvre a reçu un avis favorable de la critique et a valu à Géricault une médaille d'or. En 1814, il expose son Cuirassier blessé à une attention moins favorable. Les deux tableaux ont été préparés à la dernière minute et contiennent des défauts d'exécution qui révèlent l'éducation erratique de l'artiste, mais ils présentent également une étonnante et, pour l'époque, une verve picturale et un colorisme inattendus. Les deux montrent également l'attrait précoce de Géricault pour les sujets militaires modernes traités à la manière d'Antoine-Jean Gros (1771–1835). L'accent des peintures sur des personnages uniques et anonymes engagés dans l'action est inhabituel: ce ne sont ni des portraits conventionnels ni des peintures d'histoire à part entière. Ensemble, ils formèrent une allégorie de l'histoire récente de la France, la première faisant référence à l'Empire assiégé de 1812 et la seconde à la France vaincue de 1814.
L'indirection et les tentatives tardives d'acquérir la formation acceptée d'un peintre d'histoire classique caractérisent la carrière de Géricault dans les années qui suivent 1814. Il concourt pour le prix de Rome en 1816 et, faute de gagner, finance son propre voyage en Italie. Ses dessins de cette période révèlent une fascination pour la violence sadique, la luxure et la victimisation. Il était également attiré par la vie populaire de la péninsule et cherchait à la représenter à sa manière classique nouvellement acquise, en particulier dans une série de peintures consacrées à la course de chevaux Barbieri à Rome.
De retour en France à la fin de 1817, Géricault se lance à la recherche d'un sujet de la vie contemporaine à traiter à la manière grandiose de la peinture d'histoire. Il s'est finalement installé sur un récent naufrage au large des côtes ouest-africaines qui résultait de l'incompétence d'un officier de marine français aristocratique qui devait sa nomination au favoritisme de la monarchie des Bourbons restaurée. Après le naufrage, 150 passagers et membres d'équipage ont été mis à la dérive sur un radeau de fortune, tandis que les officiers et les privilégiés ont réquisitionné les canots de sauvetage. La mutinerie, le meurtre et le cannibalisme ont rapidement décimé les naufragés, dont seulement dix ont survécu. Géricault a imaginé le moment où les survivants
sur le radeau a tenté d'attirer l'attention d'un navire de sauvetage, après treize jours de dérive en mer. Comme d'autres sujets qu'il a examinés, le récit combinait une violence bizarre avec un scandale politique qui reflétait mal le gouvernement de la Restauration. La peinture a été interprétée de manière allégorique de différentes manières: sur la nécessité pour l'humanité d'unir ses forces pour se sauver, sur les relations raciales (certaines des figures sont noires) à une époque de colonialisme en expansion, et sur l'état des Français. corps social dans la France post-révolutionnaire. Le tableau joue un rôle de transition dans l'histoire de la peinture française dans la mesure où Géricault a tenté de combiner la nudité héroïque de la peinture d'histoire classique avec un événement tiré de la vie contemporaine.
Bien qu'admiré par beaucoup, le Radeau de la méduse (1819) n'eut pas le succès public que Géricault espérait. Une période de profonde dépression s'en est suivie. Profiter d'une occasion d'exposer Radeau à l'Egyptian Hall de William Bullock à Londres, il part pour un séjour prolongé en Angleterre. Là, il a terminé une série de lithographies axées sur la vie commune et en particulier sur le sort des pauvres indigents.
À un moment de sa carrière ultérieure, probablement après son retour à Paris en 1821, Géricault exécuta une série de portraits de personnes aliénées, dont on sait très peu de choses avec certitude. Peut-être dix ont été achevés; cinq sont connus aujourd'hui. Chacun semble dépeindre une forme différente de maladie mentale, et ils ont peut-être été faits pour faciliter la recherche d'un médecin. Ils sont remarquables par le soin avec lequel l'artiste considère ses humbles sujets et par l'incisivité de leur réalisme.
Le comportement de Géricault tout au long de sa vie est autodestructeur et, en 1822, il perd une partie substantielle de sa fortune, l'obligeant à peindre pour de l'argent pour la première fois de sa vie. Au cours de sa dernière année, alors qu'il s'éloignait lentement de la maladie dégénérative qui l'avait tué, Géricault a exprimé la conviction qu'il avait gaspillé ses talents. Il a exécuté des croquis pour des peintures d'histoire protestant contre l'Inquisition et la traite des esclaves africains, une partie de son ambition de réinvestir la peinture à grande échelle avec la valeur morale et la pertinence pour le débat public qu'elle avait eu à la fin du XVIIIe siècle, mais il a été incapable peindre les toiles. Bien que peu connu du grand public au moment de sa mort, sa vie et son œuvre sont rapidement devenues légendaires au sein du mouvement romantique naissant. Aujourd'hui, il est vénéré comme l'un des plus grands peintres de la tradition française.