Tristan, flore (1803–1844), féministe et socialiste française.
Flore-Célestine-Thérèse-Henriette Tristan Moscoso, qui se faisait appeler Flora Tristan, est née à Paris. Sa mère française avait rencontré son père, un noble d'origine péruvienne d'origine espagnole, à Bilbao (Espagne) pendant la Révolution française. Leur mariage religieux n'a pas été reconnu par la loi révolutionnaire, ce qui rend Flora et son jeune frère Pio techniquement illégitimes. Ils n'ont pas hérité de la mort subite de leur père en 1807 et ont grandi dans des circonstances modestes dans la campagne près de Paris.
On sait peu de choses sur la vie de Tristan jusqu'à ce qu'elle revienne à Paris en 1818 et trouve des dessins de coloriage dans l'atelier de gravure d'André Chazal. Elle l'épousa peu avant son dix-huitième anniversaire, mais le mariage fut violent et Tristan quitta son mari en 1825. Avec deux fils à charge et enceinte de son troisième enfant, elle avait du mal à trouver du travail. Après la naissance de sa fille en octobre 1825, elle laissa ses enfants aux soins de sa mère et devint une «femme de chambre», voyageant à travers l'Europe avec ses employeurs. Elle a ensuite pris contact avec la famille de son père et a visité le Pérou en 1832–1833 dans une tentative infructueuse de réclamer son héritage. Ce voyage a servi de base à sa première publication majeure, Les pérégrinations d'un paria (1838), et pour une carrière d'écrivain. Son récit de son mariage malheureux a également déclenché un conflit renouvelé avec son ex-mari, qui a été emprisonné après avoir tenté de la tuer en 1838.
Les voyages de Tristan lui ont ouvert les yeux sur l'étendue de l'injustice sociale et l'ont transformée d'une épouse désillusionnée qui défend ses propres droits en une militante politique. Dans les années 1830, elle signa des pétitions pour la légalisation du divorce et contre la peine capitale et publia une brochure sur le sort des femmes célibataires. Elle s'intéresse aux théories socialistes de Charles Fourier (1772–1837), de Robert Owen (1771–1858), des Saint-Simoniens et d'Étienne Cabet (1788–1856), mais n'en trouve aucune satisfaisante. Tristan a commencé à publier ses propres propositions dans la fiction et la non-fiction. Le héros de son roman de 1838 Méphis, un «prolétaire» autoproclamé, a combattu l'oppression des aristocrates et des jésuites avec son amant, l'Andalousie Maréquita (un personnage basé en partie sur Tristan elle-même). Le roman se termine par la naissance de leur fille, Mary, une sauveuse destinée à achever la rédemption du prolétariat.
À la suite d'un quatrième voyage en Angleterre en 1839, Tristan a publié un rapport sur le sort des travailleurs dans le pays à la pointe de l'industrialisation
(Promenades dans Londres [Promenades à Londres], 1840). Elle a cité une série d'enquêtes et de rapports pour donner de la crédibilité à son travail. Sa préface avertissait les travailleurs français qu'ils étaient confrontés à des problèmes similaires à mesure que l'industrialisation se répandait. Ses liens avec les ouvriers français militants de 1843 et son enquête sur la vie des ouvriers français aiguisaient sa conviction que la mobilisation politique de la «classe la plus grande et la plus utile» était la clé de la transformation sociale. Elle a promu cette idée dans son livre le plus connu, Syndicat des travailleurs (1843). Il a souligné la nécessité pour les travailleurs de former un «syndicat» avec une large adhésion, remplaçant les associations artisanales, s'ils devaient devenir une force politique. Les travailleurs non qualifiés et les femmes devaient être inclus. Elle a soutenu que l'oppression des femmes était à la base de l'oppression des travailleurs et que les travailleurs devraient montrer la voie en reconnaissant les droits des femmes. Lors d'une tournée de conférences pour promouvoir ce livre, Tristan mourut à Bordeaux d'une suspicion de fièvre typhoïde le 14 novembre 1844.
Un monument à Tristan, financé par des ouvriers français, fut érigé à Bordeaux en octobre 1848. Il était inscrit: «À la mémoire de Madame Flora Tristan, auteur du Syndicat des travailleurs, avec la gratitude des travailleurs. Liberté - Égalité - Fraternité - Solidarité. "Cela reconnaissait son dévouement à la cause ouvrière. Néanmoins, ses relations avec les ouvriers étaient parfois difficiles. Elle est restée une étrangère, se définissant comme une" bourgeoisie éclairée ". Sa vision messianique et sa prétendre être la «mère des ouvriers» mettait également l'accent sur son propre leadership, créant un certain ressentiment. L'approche de Tristan reflétait à la fois les courants religieux du socialisme romantique et la proéminence des figures de la classe moyenne au sein des organisations socialistes de l'époque.
L'héritage féministe de Tristan est également complexe. Elle n'a pas formé d'alliances avec d'autres féministes de son époque, désirant diriger plutôt que suivre. Mais elle a articulé les préoccupations partagées par les féministes à cette époque concernant les lois discriminatoires sur le mariage, l'éducation, l'emploi et l'autonomie personnelle des femmes. La réputation de Tristan comme l'une des féministes et socialistes les plus importantes de son époque est bien méritée, et sa vie montre que ces deux ensembles d'idées étaient intimement liés au début du XIXe siècle.