Le peintre français Jean Philippe Arthur Dubuffet (1901-1985) a exploré les possibilités des matériaux et des surfaces dans des œuvres représentant des sujets banals. Tout au long de sa carrière, il a réagi contre les idées conventionnelles de la beauté et est resté à l'écart des mouvements artistiques.
Jean Dubuffet est né le 31 juillet 1901 au Havre, fils d'un riche négociant en vins, dont le jeune Jean a trouvé le mode de vie bourgeois. Il a commencé à suivre des cours d'art à l'âge de 15 ans et, en 1918, il est allé à Paris pour étudier la peinture à l'Académie Julian. Six mois plus tard, il quitta l'école pour peindre seul.
Interrogé sur son originalité et la valeur de l'art et de la culture, Dubuffet arrête de peindre en 1923, voyage en Italie et au Brésil, mais revient au Havre en 1925 pour étudier le commerce. Il a épousé Paulette Brey en 1927, avec qui il a eu une fille, mais ils ont divorcé quelques années plus tard et se sont remariés quelques années plus tard. En 1930, il crée une entreprise de vin à Paris qu'il laisse ensuite entre les mains d'un associé pour reprendre la peinture. Il est retourné dans le commerce du vin en 1937 lorsque l'associé y échouait, mais lorsque la guerre a éclaté en 1939, il l'a fermé. À partir de 1942, il se consacre exclusivement à la peinture, permettant à un nouvel associé plus compétent de diriger l'entreprise jusqu'à sa vente en 1946.
Dubuffet a eu sa première exposition en 1944 à Paris. Avec une crudité qui rappelle l'art couvée (art brut) qu'il admirait tant, Dubuffet dépeignait des sujets aussi ordinaires que des gens dans le métro parisien et une fille trayant une vache. Il tentait de «mettre toutes les valeurs décriées sous les feux de la rampe». Ces premières peintures montrent l'intérêt pour la texture, les couleurs de la terre et l'humour ironique qui caractérisent toutes les œuvres de Dubuffet. Il a étudié le style des dessins réalisés par les enfants et les fous, et les a appliqués à ses œuvres.
Lorsque le deuxième grand spectacle de Dubuffet eut lieu à Paris en 1946, la réaction populaire fut l'indignation. Fortement influencé par le graffiti, Dubuffet avait rompu toutes les conventions visuelles acceptées par son choix de sujet et de technique.
Poussé par son intérêt pour l'art naïf, Dubuffet effectue sa première visite en Afrique du Nord en 1947. Il effectue deux visites ultérieures au Sahara entre 1947 et 1949, et il répond à son expérience en créant des œuvres dans lesquelles le paysage et la texture prennent de plus en plus d'importance.
En 1950, Dubuffet commença une série de peintures de nus féminins qu'il appela Corps de Dames. Les figures informes, grotesques et souvent humoristiques représentent l'antithèse directe des proportions et de la beauté classiques. Dubuffet a beaucoup écrit sur son rejet des conventions esthétiques, courant qui traversait tout son travail.
En raison de la mauvaise santé de sa femme, Dubuffet s'installe à Vence dans le sud de la France en 1955. Il est de plus en plus préoccupé par la création d'un nouveau type de peinture de paysage. Avec une inventivité typique de son approche de son travail, il a essayé de nouvelles méthodes, qui consistaient à répandre du sable sur le tableau, à le gratter avec une fourchette et à assembler des images à partir d'ailes de papillon. Des nouvelles techniques et matériaux sont nés une riche variété d'œuvres, parmi lesquelles un cycle appelé Texturologies. Ces images, qui célèbrent le terrain et ne contiennent pas de figures, semblent non représentatives, mais les œuvres de Dubuffet, aussi abstraites qu'elles puissent paraître, portent toujours sur quelque chose. le Texturologies sont sur la matière, et en utilisant le même empâtement épais qu'il a utilisé pour représenter des figures, il suggère l'unité de la nature et de l'homme.
Lorsque Dubuffet revient à Paris en 1961, il se remet à représenter les gens et leur environnement. Les couleurs vives et le sujet de ces œuvres rappellent les panoramas de la vie urbaine qu'il a peints en 1943-1944. Ce retour à un style et à un sujet antérieurs était caractéristique de Dubuffet; il y avait dans son œuvre une cohérence fondamentale dans son attachement aux «valeurs décriées» et dans son objectif de supprimer les frontières entre l'homme et la nature.
En 1962, Dubuffet s'installe au Touquet. A cette époque, il entame sa plus longue série, intitulée L'Hourloupe (un mot qu'il a inventé), qui possèdent une qualité décorative qui n'est pas évidente dans ses travaux antérieurs. Il a également continué à peindre des sujets quotidiens, se concentrant sur des objets inanimés tels que des machines à écrire, des ciseaux et des horloges. Malgré leur départ stylistique, ces peintures sont cohérentes avec toute la production de Dubuffet dans leur humour et leur naïveté.
La plupart des œuvres ultérieures de Dubuffet impliquaient de grandes sculptures en résine de polyester peintes, qui conservent toujours son sens de l'humour décalé tout en ayant un caractère grotesque et violent. Certains critiques le considèrent comme un prédécesseur des tendances ultérieures du Pop Art et du Néo-Dada. Il est décédé en 1985.
lectures complémentaires
Le meilleur livre sur Dubuffet est de Peter Selz, L'œuvre de Jean Dubuffet (1962). Il s'agit d'un commentaire approfondi sur sa vie et son œuvre et comprend des traductions de plusieurs de ses écrits. Introduction d'Alan Bowness dans Jean Dubuffet: Paintings (1966), le catalogue de sa rétrospective à la Tate Gallery, est très utile. Un livre indispensable pour replacer Dubuffet dans le contexte de son siècle est Werner Haftmann, La peinture au XXe siècle (1954; trans., 2 vol., 1961; rév. Ed. 1965). □