Les frères Edmond de (1822-1896) et Jules de (1830-1870) Goncourt ont collaboré à des romans à l'origine de l'école naturaliste en France. Leurs «Journaux» offrent un tableau fascinant de la vie littéraire parisienne au XIXe siècle.
Edmond de Goncourt est né à Nancy le 26 mai 1822, et son frère cadet, Jules, à Paris le 17 décembre 1830. Leur père, membre d'une famille récemment anoblie, qui avait combattu avec distinction sous Napoléon, est mort en 1834 et leur mère en 1848, laissant aux frères un revenu privé confortable. Ni l'un ni l'autre ne se sont mariés, et les deux n'ont pratiquement jamais été séparés avant la mort prématurée de Jules le 20 juin 1870.
Au départ, les Goncourt avaient l'intention de devenir peintres, mais lors d'un voyage en Algérie en 1849, ils ont commencé à prendre des notes de voyage et ont décidé de faire leur carrière dans la littérature. Leurs premières tentatives de pièces de théâtre et de romans ont échoué, et ils se sont tournés vers la critique d'art et les ouvrages d'histoire traitant du 18e siècle et de l'ère révolutionnaire. Leur premier succès dans la fiction fut Charles Demailly (1860), un roman décrivant le monde littéraire sans scrupules de Paris et les intrigues qui finissent par rendre le héros fou. La documentation minutieuse d'un cas pathologique, destinée à donner une impression de réalisme extrême, marque tous les romans des Goncourt. En 1861, il suivit Soeur Philomène (Sœur Philomène), une étude quelque peu morbide de la vie hospitalière construite autour de la carrière d'une religieuse; et en 1864 Renée Mauperin, un portrait vigoureux d'une famille bourgeoise, se terminant encore une fois de façon quelque peu mélodramatique par la mort du fils en duel et de la fille par maladie cardiaque provoquée par le remords.
Le roman qui est souvent considéré comme le chef-d'œuvre des Goncourt et qui a le plus influencé le jeune Émile Zola et l'école naturaliste est Germinio Lacerteux (1865). Ici, l'intrigue est basée très étroitement sur la vie de la femme de ménage des frères décédée en 1862. Considérée par eux comme une servante idéale, elle menait en fait une double vie depuis des années, les volant et se livrant à boire et des relations sexuelles de promiscuité qui avaient amené ses deux enfants illégitimes et finalement causé sa mort prématurée. Avec la transposition des frères eux-mêmes dans le personnage unique d'une vieille dame, le roman suit de très près les faits et fournit un tableau convaincant et horrible de la dégradation.
En 1867, les Goncourts publièrent Manette Salomon, souvent considéré comme le plus beau roman traitant de la vie de l'artiste en France. Le thème principal, reflétant une certaine misogynie apparente chez les deux frères, est l'effet destructeur d'une femme sur le génie créateur d'un artiste. Le dernier roman que les Goncourt ont écrit ensemble était Madame Gervaisais (1869), l'histoire d'une conversion religieuse, traitée à nouveau pathologiquement comme une forme de folie et décrite avec réalisme documentaire.
Après la mort de Jules, Edmond, profondément touché à la fois par cette situation et par la guerre franco-prussienne de 1870-1871, renonça quelque temps à écrire mais reprit plus tard le roman déjà projeté par les frères La Fille Élisa, qui est apparu en 1877. C'est une autre histoire de dégradation, cette fois d'une pauvre fille qui se prostitue, commet un meurtre et est condamnée à mort mais n'est sursis que pour mourir à l'hôpital de la prison. D'autres romans ont suivi, notamment La Faustin (1882), l'étude psychologique d'une actrice à succès.
Tout au long de la vie d'Edmond, il a également continué à faire ressortir des œuvres d'art, en particulier sur celle du XVIIIe siècle et du Japon, tandis que des sélections du Journal paru de 1887 à 1896. La version intégrale des journaux, qui contient un récit remarquablement franc et coloré de la vie des frères et plus tard d'Edmond, de 1851 à 1896, n'a été publiée qu'à la fin des années 1950. Edmond mourut le 16 juillet 1896, et par les termes de son testament dota en 1900 l'Académie Goncourt, un groupe de 10 écrivains qui jouissent d'un grand prestige en France et qui décernent chaque année le prix Goncourt, le plus célèbre prix littéraire français, à la travail de prose qu'ils considèrent comme le meilleur à avoir paru au cours de l'année.
lectures complémentaires
Une édition des journaux de 1851-1870 a été publiée comme Les Journaux Goncourt, 1851-1870, édité par Lewis Galantière (trad. 1937); les sélections de la version complète de 1851 à 1896 sont contenues dans Pages du Journal Goncourt, édité par Robert Baldick (trans. 1962). Il y a deux études en anglais des frères Goncourt: un petit livre de Robert Baldick, Les Goncourts (1960), et une traduction du français, André Billy, Les Frères Goncourt (1960). □