FOUCHÉ JOSEPH (1759? –1820), homme politique français, surtout connu pour être le chef de la police de Napoléon et pour son rôle central dans les Cent Jours et dans la réalisation de la Seconde Restauration.
Fils d'un capitaine de la marine marchande, Joseph Fouché a fait ses études à l'école oratorienne de sa ville natale de Nantes, puis au collège oratorien de Paris. Il ne fut jamais pleinement ordonné prêtre, mais enseigna dans plusieurs écoles oratoriennes de l'ouest de la France avant de s'installer à Arras, où il fit la connaissance de Maximilien Robespierre. En 1790, il revient à Nantes comme directeur d'université et, deux ans plus tard, il est élu député à la Convention nationale. Au début, il s'associa à la faction girondine, mais au début de 1793, il vota pour la mort du roi et, au cours des mois suivants, en tant que représentant en mission dans les provinces, il acquit la réputation d'être un vigoureux terroriste déchristianisant et jacobin. De retour à Paris, il entre en conflit avec Robespierre et participe au coup d'État thermidorien (juillet 1794). Il passa les années suivantes dans l'obscurité, réapparaissant après le coup d'État de Fructidor (septembre 1797) pour occuper des postes diplomatiques en Italie et aux Pays-Bas. En août 1799, il fut nommé ministre de la police sous le Directoire, le gouvernement révolutionnaire. À ce titre, il joua un rôle passif dans le coup d'État de Brumaire (novembre 1799) qui créa le consulat, qui remplaça le Directoire. Bonaparte le garda à ce poste jusqu'en septembre 1802, date à laquelle, croyant que la situation intérieure s'était calmée, il abolit le ministère de la police et passa ses fonctions au ministère de la justice. Vingt-deux mois plus tard, cependant, suite à une succession de complots et de rumeurs, le ministère est relancé et Fouché, une fois de plus, est mis à sa tête.
Peu de temps après le coup d'État de Brumaire, Fouché a présenté au premier consul, Bonaparte, un mémorandum de réorganisation du ministère de la Police qui l'aurait mis sur un pied d'égalité avec le ministère de l'Intérieur. Tout fonctionnaire ayant des responsabilités policières, y compris les préfets et les maires, ainsi que toute organisation ayant des tâches policières, auraient été subordonnés dans une certaine mesure au ministère. Alors que Bonaparte était favorable au contrôle centralisé, il n'était pas prêt à envisager un ministre de la police aussi puissant, et le système mis en place était en deçà du plan de Fouché. Il n'y a jamais eu une seule organisation policière en France napoléonienne, et il y a eu de vives rivalités entre les institutions policières et leurs directeurs, notamment entre Fouché et le général (futur maréchal) Moncey, l'inspecteur général de la gendarmerie. Néanmoins, le ministère de la police créé à l'été 1804 était une institution formidable et, sous Fouché, très efficace et efficiente. Le ministère a divisé l'empire en quatre districts: le nord, l'ouest et une partie de l'est de la France; le reste de l'est et du sud; les départements italiens; et Paris. Chaque district était dirigé par un conseiller d'État; pour Paris, c'était le préfet de police. Des rapports réguliers ont été reçus des districts, et ceux-ci ont été distillés dans un bulletin quotidien pour Napoléon l'informant des crimes graves, des problèmes d'ordre public et de l'état de l'opinion publique. La presse écrite et les théâtres étaient contrôlés. Dans le contexte de l'époque, il s'agissait en effet d'un État policier. Mais même si Fouché a accepté et ordonné le recours à la détention préventive pour les suspects, il n'y a pas eu de procès-spectacle et peu d'exécutions. Il pensait qu'il était contre-productif de se préoccuper trop de, et de prendre des mesures punitives sérieuses contre, chaque énonciation de paroles séditieuses et les commentaires imprimés parfois calomnieux sur l'empereur et le régime.
Napoléon n'a jamais fait entièrement confiance à Fouché. En mai 1810, il le congédia pour avoir négocié avec les Britanniques. Pourtant, bien qu'il soit banni de Paris, Fouché conserve son titre de duc d'Otrante (décerné en 1809) et ses autres honneurs et postes. En 1813, il fut nommé gouverneur des provinces illyriennes.
Lors de la première abdication de Napoléon en 1814, Fouché prit la parole pour le retour des Bourbons au Sénat. Cela ne l'empêcha pas d'accepter le poste de ministre de la police de Napoléon à son retour en France au début de 1815. Il resta en contact avec les puissances opposées à Napoléon tout au long des Cent-Jours, et après la défaite de Napoléon à Waterloo, Fouché contribua de manière significative à assurer la deuxième abdication de l'empereur et à l'établissement du gouvernement provisoire qui a accueilli Louis XVIII. Poursuivant ses fonctions de ministre de la police, il a été tenu de dresser la liste de ceux qui ne devraient pas être considérés comme amnistiés par le nouveau régime; il a aidé beaucoup d'entre eux à quitter le pays. Malgré son aide aux Bourbons, en tant que régicide et ministre pendant les Cent-Jours, Fouché lui-même fut contraint à l'exil en 1816. Il mourut à Trieste en 1820.