Münchengrätz, traité de

Le 18 septembre 1833, des représentants des empires russe et autrichien signèrent une convention dans la ville bohème de Münchengrätz. Le traité était le résultat d'une réunion au sommet comprenant les empereurs François Ier d'Autriche (r. 1804–1835) et Nicolas Ier de Russie (r. 1825–1855) et le prince héritier de Prusse. Le chancelier autrichien, le prince Clemens von Metternich, et le ministre russe des Affaires étrangères, le comte Karl Robert von Nesselrode, ont mené de nouvelles négociations. Comme l'indique le préambule du traité, les deux empires sont convenus d'adopter un «principe d'union» dans leur conduite future en relation avec les affaires turques. En outre, les deux États se sont engagés à préserver l'intégrité de l'Empire ottoman. Le premier article «breveté» (c'est-à-dire public) du traité a déclaré l'opposition des signataires à la création d'une régence ou à tout changement de dynastie. Si l'un ou l'autre des événements se produisait, selon l'article II, les deux États ne reconnaîtraient pas le changement; ils détermineraient également conjointement comment éviter les conséquences néfastes pour leurs empires respectifs, tous deux limitrophes de la Turquie. L'accord contenait également deux "articles séparés et secrets" décrivant les circonstances spécifiques comme base des actions futures de l'Autriche et de la Russie.

La convention constituait la réponse autrichienne et russe aux «événements récents en Égypte». Au cours des années 1831–1833, le sultan ottoman Mahmud II (r. 1808–1839) avait été confronté à une rébellion sérieuse de son gouverneur égyptien Mehmet Ali. Les armées françaises de Mehmet avaient infligé une série de défaites aux forces ottomanes, prenant la Syrie et avançant vers Constantinople au début de 1833. En désespoir de cause, le sultan avait fait appel à l'aide à Nicolas Ier, aux ordres duquel les troupes russes débarquaient à proximité de la Capitale ottomane en avril 1833. Ces développements conduisirent en mai à une paix, selon laquelle Mehmet Ali conserverait le contrôle de l'Égypte, de la Syrie et d'autres territoires. Le 8 juillet, la Turquie et la Russie ont conclu un traité d'alliance à Unkiar-Skelessi. Le contingent russe a quitté la Turquie peu de temps après.

L'accord Münchengrätz représentait une résolution commune des gouvernements russe et autrichien d'empêcher toute nouvelle déstabilisation de leur voisin ottoman. Le premier article secret du traité déclarait plus explicitement que l'article II public que la Russie et l'Autriche coopéreraient pour empêcher le "Pacha d'Egypte" de toute extension directe ou indirecte de l'autorité sur les provinces européennes de l'Empire ottoman. Le deuxième article secret stipulait que si l'Empire ottoman s'effondrait, les deux «cours impériales» agiraient de concert dans toutes les questions concernant l'établissement d'un nouvel ordre. De plus, ils collaboreraient pour s'assurer que tout changement dans la situation intérieure de l'Empire ottoman n'affecterait pas leur propre sécurité, leurs droits conventionnels existants ou l'équilibre européen des pouvoirs.

La convention Münchengrätz a signalé plusieurs développements importants dans la diplomatie européenne et l'histoire de la «question orientale», c'est-à-dire les effets internationaux du déclin continu de l'Empire ottoman. Premièrement, il a réparé une rupture entre l'Autriche et la Russie résultant de la guerre d'indépendance grecque à la fin des années 1820. La Russie avait soutenu la cause grecque de concert avec la France et la Grande-Bretagne malgré l'opposition autrichienne. Le dévouement de l'accord "au nom de la Très Sainte et Indivisible Trinité" symbolisait la restauration de la Sainte Alliance, tout comme la référence à "l'esprit conservateur" qui guidait la politique commune des empires. Cette orientation idéologique a été renforcée dans la soi-disant convention de Berlin du 15 octobre, qui a uni l'Autriche, la Russie et la Prusse dans un effort commun pour maintenir l'ordre et le statu quo dans la Pologne partitionnée. Les révolutions en Belgique et en France en 1830, ainsi qu'une rébellion polonaise en 1830–1831 et la campagne de Mehmet Ali avaient convaincu les trois dirigeants de la nécessité de résister aux forces du changement.

Deuxièmement, le traité Münchengrätz a servi les intérêts de Metternich en obligeant la Russie à agir de concert avec l'Autriche dans les affaires ottomanes, affaiblissant ainsi la domination apparente que Nicolas avait acquise grâce à Unkiar-Skelessi. La convention soulignait en outre l'intérêt commun de l'Autriche et de la Russie à maintenir un voisin ottoman faible mais intégral, plutôt qu'un État plus dynamique dirigé par quelqu'un comme Mehmet Ali ou un ensemble de petits États-nations à la place de l'ancien empire.

Enfin, l'accord Münchengrätz a aiguisé les soupçons ailleurs en Europe sur les desseins de la Russie sur la Turquie, d'autant plus que, malgré l'exhortation de Metternich, ses termes ne sont jamais devenus publics. L'intervention de la Russie en Turquie avait déjà affligé les hommes d'État britanniques et français. Le ministre britannique des Affaires étrangères Henry John Temple, Lord Palmerston, pensait qu'à Münchengrätz, les deux empires conservateurs avaient en fait accepté de partitionner l'Empire ottoman. Ces soupçons ont persisté jusqu'à ce que la reprise du conflit en Turquie en 1839–1841 entraîne un rapprochement anglo-russe sur les questions du Proche-Orient.