L'Union soviétique a été le premier pays au monde à légaliser l'avortement, mais son objectif était de protéger la santé des femmes et de promouvoir la maternité, et non de faire progresser les droits des femmes.
L'avortement était une infraction pénale passible d'exil ou de longues peines de prison avant la révolution bolchevique. Dans le cadre de ses efforts pour réformer la société russe, le gouvernement soviétique a légalisé l'avortement dans un décret du 18 novembre 1920. Les partisans du décret pensaient que les avortements légaux étaient un mal nécessaire pour empêcher les femmes de se tourner vers des avortements dangereux et insalubres. Leur objectif n'était pas de protéger les droits reproductifs individuels d'une femme, mais de préserver la santé de la mère pour le bien commun. En outre, la légalisation ne s'appliquait qu'aux avortements pratiqués par du personnel médical formé et, en 1924, un système a été établi qui donnait la priorité à l'accès aux avortements légaux en fonction de la position de classe et de la vulnérabilité sociale (les travailleuses sans emploi et célibataires étaient en tête de liste).
En 1936, l'État a recriminalisé l'avortement dans le but d'augmenter le taux de natalité et de souligner la valeur de la maternité. Bien que le changement de politique ait temporairement réduit le nombre d'avortements, la répression à long terme n'a pas eu l'effet escompté et les taux d'avortement ont augmenté. L'avortement a de nouveau été légalisé en 1955 sur le principe que les femmes étaient suffisamment conscientes de l'importance de leur rôle maternel. Malgré les changements au fil du temps, la politique de l'avortement soviétique s'est toujours concentrée sur la protection de la santé des femmes et l'encouragement de la maternité. Cependant, le manque de méthodes alternatives de contraception a permis aux femmes soviétiques de compter sur l'avortement comme principal moyen de contrôler la reproduction pendant toute la période soviétique.