Roland, pauline (1805–1852), féministe et socialiste française.
Pauline Roland est née à Falaise, dans le nord de la France. Sa mère veuve, la postière de la ville, a travaillé dur pour donner à ses deux filles une bonne éducation. Introduit au socialisme saint-simonien par son précepteur à l'âge de vingt-deux ans, Roland embrassa son dévouement à «la classe la plus nombreuse et la plus pauvre». Elle s'est également félicitée de sa croyance en la «liberté» des femmes et de son affirmation controversée selon laquelle «la chair» était sacrée et non coupable. Roland s'installe à Paris en novembre 1832 pour rejoindre le mouvement saint-simonien. Elle a écrit pour son Tribune des femmes (Tribune des femmes), le premier journal produit par des femmes de la classe ouvrière.
L'appel des saint-simoniens à «la réhabilitation de la chair» divisa l'organisation et vit ses dirigeants poursuivis pour immoralité. Mais Roland a adopté la conviction que les femmes pouvaient utiliser leur sexualité pour guérir et moraliser les hommes. Les deux hommes qui ont bénéficié de ses soins ont engendré ses quatre enfants, nés entre 1835 et 1845. Roland assume seul la responsabilité de ses enfants, affirmant son indépendance malgré ses finances précaires. Elle a écrit des articles sur l'histoire et la géographie pour le Encyclopédie nouvelle (Nouvelle encyclopédie) et le Revue indépendante (Revue indépendante) et fait rapport sur les femmes et les enfants dans les mines de charbon (1842). Elle a également publié des histoires de la France et de l'Angleterre et une série d'articles sur l'histoire des femmes en France (1846–1847).
En 1847, Roland rejoint la communauté socialiste de Pierre Leroux à Boussac, où elle dirige l'école et écrit pour Leroux Revue sociale (Revue sociale). Absente de Paris en février 1848, elle ne participe ni à la révolution ni à ses activités féministes. Mais elle a tenté (sans succès) de voter aux élections municipales de Boussac. De retour à Paris en décembre 1848, elle participe à l'organisation d'une association d'instituteurs républicains. Elle a ensuite été impliquée dans «l'organisation des associations de travailleurs» de Jeanne Deroin, qui visait à réorganiser l'économie selon des lignes coopératives. Le gouvernement a poursuivi l'organisation pour complot et pour la promotion d'idées dangereuses comme l'égalité des femmes. Roland a purgé six mois de prison en 1851, publiant une défense de la liberté personnelle des femmes de sa cellule de prison.
Cinq mois après la libération de Roland, un coup d'État a effectivement mis fin à la Seconde République (2 décembre 1851). Bien que n'étant pas impliqué dans la résistance au coup d'État, Roland a été arrêté le 6 février 1852. Elle a admis avoir sympathisé avec les résistants et a été condamnée et expulsée en Algérie. Elle a été traitée comme une prisonnière récalcitrante parce qu'elle refusait d'admettre sa culpabilité ou de demander grâce. Son cas reçut beaucoup de publicité et elle fut libérée en novembre 1852. Mais son voyage de six jours en mer à Marseille, exposé aux intempéries hivernales sur le pont découvert, se révéla fatal. Elle mourut à Lyon en rentrant à Paris, le 15 décembre.
La femme est un être libre, égal à l'homme dont elle est la sœur. Comme lui, elle doit remplir ses devoirs envers elle-même en maintenant sa dignité personnelle au-delà de tout reproche, en se développant dans la vertu, en faisant sa vie, non pas du travail ou de l'amour ou de l'intelligence d'autrui mais de son propre travail… Comme l'homme, elle doit remplir des devoirs familiaux qui sont la plus douce récompense des autres travaux, mais qui ne peuvent pas l'absorber complètement…. Enfin, la femme est citoyenne de droit, sinon de fait, et en tant que telle, elle a besoin de s'impliquer dans la vie hors du foyer, dans la vie sociale, qui ne sera saine que lorsque toute la famille y sera représentée.
Lettre de Pauline Roland à Emile de Girardin, avril 1851, dans Felicia Gordon et Máire Cross, Les premiers féminismes français, 1830-1940: une passion pour la liberté (Brookfield, Vt., 1996), p. 90.
La vie de Roland incarnait les courants radicaux de son époque. Son idéalisme reflétait son esprit romantique. Comme beaucoup de ses contemporains, son socialisme était imprégné de religiosité et d'un engagement envers les droits des femmes. La vie de Roland a également révélé un dilemme fondamental auquel sont confrontées les femmes du XIXe siècle: le mariage légal signifiait la subordination à un mari, mais la maternité sans mariage présentait des difficultés économiques et morales majeures. Roland en est venu à croire que son choix de la maternité célibataire était une erreur. Mais elle n'a jamais abandonné l'idée qu'il faut mettre ses croyances en pratique et en accepter les conséquences.