Le Traité de Tilsit est le nom du document signé par l'empereur Napoléon Ier de France et le tsar Alexandre Ier de Russie le 7 juillet 1807, à la suite d'une célèbre rencontre entre les deux sur un radeau dans le fleuve Niémen. Le traité s'est concentré sur trois questions: (1) les conditions de paix entre la Russie et la France; (2) comment gérer une guerre qui a éclaté entre la Russie et la Turquie; (3) le statut du royaume vaincu de Prusse, qui ne s'était soulevé contre Napoléon que l'année précédente. Pour Alexandre, négociant au nom du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, Tilsit fut un moment décisif. Non seulement il avait connu des revers militaires meurtriers à Dantzig et à Friedland en juin, mais il était maintenant confronté à la perspective d'intrigues et de désordre chez lui, et en cela son frère, le grand-duc Constantin, figurait de manière ostentatoire et inquiétante. Surtout, Alexandre désirait de la manière la plus intime d'apporter la paix en Europe, et il en vint à se rendre compte que cela ne pouvait être fait que si la Grande-Bretagne, seule maintenant contre Bonaparte, était mise au pas. Le traité était un instrument extrêmement onéreux - un exemple précieux, en fait, de la brutalité impitoyable du pouvoir napoléonien. Le traité laissa la Russie intacte, mais il réduisit la Prusse à un territoire de fortune à l'est de l'Elbe, occupé par les troupes de Napoléon et encerclé par ses états fantoches anciens et nouveaux. Il arracha un tiers du territoire de la Prusse et le plaça sous le contrôle du roi de Saxe dans un nouveau satellite napoléonien appelé le Grand-Duché de Varsovie. Il a promis que la Russie entrerait en guerre avec la Grande-Bretagne si cette dernière n'acceptait pas les conditions de paix de Napoléon; il a promis que Napoléon ferait de même à l'égard de la Turquie. C'est à Tilsit que toute l'ambition déraisonnable de Napoléon trouve son expression la plus pleine et la plus virulente.