Lavoisier, Antoine (Antoine-Laurent Lavoisier; 1743–1794), considéré comme le père de la chimie française moderne et le découvreur de l'oxygène. Né dans une famille de notaires et d'avocats, Lavoisier a grandi dans le confort du Paris bourgeois et a fréquenté le Collège Mazarin, où il a étudié la littérature, la rhétorique et les sciences naturelles. Destiné à une carrière juridique (il a obtenu son diplôme de droit en 1763 et plusieurs prix de rhétorique), il s'est très tôt tourné vers la minéralogie, voyageant avec Jean Étienne Guettard de l'Académie des sciences, puis dans la chimie, suivant notamment les cours publics de le controversé Guillaume-François Rouelle au Jardin du Roi. Il a été accepté très tôt dans l'Académie des sciences, dont il serait un membre infatigable et à vie.
À un jeune âge, Lavoisier a estimé que la chimie était une science remplie de noms peu clairs et de théories confuses, et il s'était engagé à la résoudre en une science aussi systématique que la physique de Newton. De 1763 à 1770 environ, il élabore lentement son fameux principe selon lequel «rien ne se gagne et rien ne se perd» dans les réactions chimiques, c'est-à-dire que la conservation de la masse définit la clôture conceptuelle des expériences chimiques. Il a également démontré que l'eau n'est pas un élément en la séparant en hydrogène et en oxygène, puis en inversant le processus. Au cours de «l'année cruciale», 1772–1773, il identifia l'oxygène (et l'hydrogène) comme des éléments et prépara le terrain pour la révolution chimique qui réfutait le phlogistique, ou théorie du feu fixe de la chimie. En 1787, lui et ses disciples scellèrent leur succès avec le Méthode de nomenclature chimique, une réforme controversée du champ de la chimie basée sur la définition par Condillac d'une science comme langage analytique parfait. De Lavoisier Eléments de chimie de 1789 a uni la nomenclature réformée avec les principes de l'observation expérimentale déterminée par la fermeture et sa définition de l'élément chimique. À partir du début des années 1780, il a également travaillé avec Laplace (1749–1827), étudiant la chimie de la respiration et théorisant que le métabolisme est une forme de combustion. De cette façon, il a préparé la voie à une grande partie de la biochimie du dix-neuvième siècle.
La vie de Lavoisier ne se limite cependant pas à la chimie. Bien qu'il ait hérité d'une fortune suffisante pour l'indépendance financière, il était un jeune homme timide et sérieux, peu enclin aux démonstrations publiques de génie ou adepte de l'escalade sociale. Son mariage avec Marie Paulze, quatorze ans, fille de l'un des membres de la tristement célèbre General Farm, une organisation quasi-gouvernementale qui collectait les impôts des sujets français pour la couronne, lui a fourni les liens sociaux et les les ressources financières nécessaires pour rejoindre l'oligarchie des méritocrates des Lumières tentant de réformer l'État français sous Louis XV (gouverné 1715–1774) et Louis XVI (gouverné 1774–1792). La formation d'avocat de Lavoisier le servit bien à la ferme des impôts et en tant que collaborateur de Turgot (1727–1781) sur des propositions de réforme de l'économie française. Dupont de Nemours (1739–1817) l'a présenté aux physiocrates, et Lavoisier a appliqué ses théories scientifiques et économiques à des expériences d'agriculture dans le monde réel (utilisant des fermes expérimentales dans sa région fiscale pour tester l'utilité de la rotation des cultures), réformes des prisons, analyses de la qualité de l'eau de Paris, des propositions d'éclairage de Paris, et des comparaisons des ballons à air chaud et à hydrogène pour les observations militaires et les investigations scientifiques.
Pendant la Révolution française et jusqu'à l'abolition de l'Académie des sciences en 1793, Lavoisier met les sciences au service de la république. Il a été infatigable dans la création d'un Bureau des poids et mesures et l'adoption du système métrique. Il dirigeait l'usine de salpêtre de la ville qui fournissait à la France (mais seulement après ses améliorations chimiques) suffisamment de poudre à canon pour combattre les contre-révolutionnaires. Avec Condorcet (1743–1794), il proposa une structure pour une éducation publique laïque, en partie basée sur son expérience de la réforme de la chimie à travers sa nomenclature: il croyait qu'une langue française libérée de la confusion, de la superstition et des connotations historiques de ancien régime l'idéologie créerait un nouveau type de citoyen républicain et garantirait la sécurité économique de l'État technologique moderne.
Il a néanmoins été envoyé à la guillotine avec l'autre fermiers généraux le 8 mai 1794. Sa femme et ses disciples chimistes avaient fait circuler des lettres et des pétitions pour montrer combien le «père de la chimie française», comme on l'appelait, avait été utile à la Révolution. La réponse qui leur est donnée est célèbre: «la Révolution n'a pas besoin de scientifiques». Le règne de la terreur ne tomba que trois mois plus tard, et la réhabilitation posthume de Lavoisier en tant que citoyen-scientifique idéal allait de pair avec le démantèlement de l'État terroriste de Robespierre (1758-1794).