WALDECK-ROUSSEAU, RENÉ (1846–1904), premier ministre de la France (1899–1902) et figure centrale de la campagne pour séparer l'Église et l'État.
Pierre-Marie-René Waldeck-Rousseau est né dans l'ouest de la France, fils d'un avocat nantais qui a siégé à l'Assemblée constituante de 1848 qui a établi la Seconde République. Il a suivi la carrière de son père, mais n'a connu qu'un succès modéré dans sa pratique à Rennes (Bretagne). Waldeck-Rousseau a fait ses études dans les écoles catholiques, mais avait quitté l'église et soutenu le républicanisme anticlérical de Léon Gambetta (1838–1882). Il rejoignit le parti républicain gambettiste à Rennes et fut élu à trente-deux ans à la Chambre des députés lors du glissement de terrain républicain de 1879.
Waldeck-Rousseau rejoignit la faction opportuniste de Gambetta à la Chambre et fut récompensé par le ministère de l'Intérieur dans le seul cabinet de Gambetta (1881–1882). Au cours de ces années, il a développé un républicanisme libéral, soutenant la liberté individuelle et défendant la loi sur la presse de 1881 qui a créé une large liberté de la presse. Lorsqu'il se présenta à la réélection en 1881, son programme mettait l'accent sur la liberté du travail. En tant que ministre, Waldeck-Rousseau a rédigé une loi sur les associations accordant aux travailleurs les pleins droits de syndicalisation. Gambetta mourut avant que cette loi ne soit adoptée, et Waldeck-Rousseau se joignit à de nombreux Gambettistes pour soutenir Jules Ferry (1832–1893). Il reçut le ministère de l'Intérieur dans le gouvernement de Ferry de 1884–1885, poste auquel il obtint l'adoption de la loi sur les associations en 1884, une loi souvent appelée loi Waldeck-Rousseau.
Lorsque Ferry fut chassé de ses fonctions en 1885 et que le climat d'opinion se déplaça contre les réformes libérales, Waldeck-Rousseau perdit tout intérêt pour la vie parlementaire. Il choisit de ne pas se présenter à la réélection en 1889 et se consacra à sa pratique juridique parisienne. La maîtrise du code civil de Waldeck-Rousseau, son souci du détail et son habileté à démêler la complexité lui ont valu une richesse considérable en droit commercial.
église et état
Après une décennie de retraite de la politique, Waldeck-Rousseau a été persuadé de se présenter à un siège vacant au Sénat de la Loire en 1894 et a été élu avec une marge si écrasante que des amis l'ont persuadé de se présenter à la présidence en 1895, bien qu'il ait perdu contre Félix Faure (1841–1899). Il retourna au Sénat pour un mandat complet en 1897, encore une fois avec une marge énorme. Plutôt que de se faire le champion des causes législatives, Waldeck-Rousseau a utilisé sa popularité politique pour travailler dans les coulisses pour construire un «grand cercle républicain» reliant tous les éléments du républicanisme français. Cela place Waldeck-Rousseau dans une position républicaine centriste et respectée pendant la phase la plus tumultueuse de l'affaire Dreyfus, ce qui lui demande de former un cabinet en juin 1899, à la suite de la victoire électorale républicaine.
Waldeck-Rousseau a exercé les fonctions de premier ministre pendant l'un des plus longs mandats de la Troisième République (1899–1902) et l'a fait à un moment de grande crise nationale. Il essaya de créer un cabinet au large attrait, prenant pour lui le ministère de l'Intérieur et de la Religion, conservant Théophile Delcassé (1852-1923) au quai d'Orsay, et comprenant des personnalités aussi diverses que le général Gaston-Alexandre-Auguste de Galliffet (1830–1909, qui avait dirigé la suppression de la Commune de Paris de 1871 et détesté à gauche) au ministère de la Guerre et Alexandre Millerand (1859–1943, premier socialiste à siéger dans un gouvernement) au ministère du Commerce et l’industrie.
Waldeck-Rousseau a conduit la France à travers une période de troubles du travail, des affaires judiciaires critiques liées à l'affaire Dreyfus et les premières phases de l'anticléricalisme radical du début du XXe siècle. Il s'efforça de maintenir un cours modéré sur les questions concernant l'Église, et il s'opposa à la séparation de l'Église et de l'État, bien qu'il se contenta de la reporter de quelques années.
Le débat sur la religion sous Waldeck-Rousseau a porté sur la révision du droit des associations. En novembre 1899, il rédige un projet de loi pour appliquer cette loi aux congrégations religieuses. Le débat sur ce projet de loi et l'application de la loi sur les associations de 1901 qui en a résulté ont accéléré la demande de séparation de l'Église et de l'État, ce qui a finalement conduit à la démission de Waldeck-Rousseau. Il avait voulu que le gouvernement contrôle les ordres religieux catholiques, leur laissant une certaine liberté d'action (analogue à sa loi pour les ouvriers en 1884). Au lieu de cela, la loi sur les associations de 1901 est devenue l'instrument par lequel la plupart des ordres religieux ont été dissous.
Bien que sa coalition républicaine remporte une importante victoire électorale en juin 1902, le Premier ministre découragé choisit de se retirer, invoquant sa santé. Son successeur, Emile Combes (1835–1921), réalisa alors l'agenda anticlérical de la séparation; Waldeck-Rousseau est décédé des suites d'une opération pour cancer du pancréas en 1904.