Deraismes, maria (1828–1894), féministe française.
Maria Deraismes a déployé une excellente éducation, une richesse héritée de son père républicain libéral, un formidable talent pour parler et écrire et des compétences organisationnelles pour devenir l'une des femmes les plus influentes de la France du XIXe siècle. Pleinement engagée dans les luttes qui ont englouti le Second Empire (1852–1870) et le début de la Troisième République (1870–1940), Deraismes a consacré sa vie à des causes telles que le républicanisme libéral, la libre-pensée et les droits des femmes.
En tant que militant politique déterminé à faire progresser les idéaux du républicanisme libéral ainsi que les carrières de politiciens individuels, Deraismes a accueilli un salon républicain à Paris, auteur de tracts républicains tels que France et progrés (1873) et, au début des années 1880, publie le journal Le Républicain de Seine-et-Oise. Ces efforts se sont avérés efficaces lorsque son département d'origine de Seine-et-Oise a élu son premier député républicain lors de la crise Seize Mai de 1877, suivi par la victoire d'une liste complète de candidats républicains triés sur le volet en 1885. Quatre ans plus tard, Deraismes a transformé son salon. rue Cardinet dans un poste de commandement républicain pour aider à contrecarrer le futur coup d'État du général Georges-Ernest-Jean-Marie Boulanger (1837-1891).
L'engagement de Deraismes pour la libre-pensée reflétait sa conviction que l'Église catholique romaine représentait une menace à la fois pour le républicanisme et le féminisme. Encore une fois, son activisme a pris la forme d'écrire des tracts, comme elle Lettre au clergéfrançais (1879) et l'organisation de partisans partageant les mêmes idées. En 1881, elle fut vice-présidente du premier Congrès anticlérical de France et, en 1885, elle assuma la présidence de la Feèdeèration des groupes de la libre pensèe de Seine-et-Oise. Elle s'est également battue pour garantir l'égalité des femmes dans les rangs de la franc-maçonnerie française, rempart du républicanisme et de l'anticléricalisme. Expulsée en 1882 d'une loge locale, elle s'associe en 1893 avec le sénateur Georges Martin (1845–1916) pour fonder la Grande Loge symbolique ècossais de France: Le Droit Humain, qui élargit l'adhésion aux femmes et aux hommes égaux.
La campagne de Deraismes pour les droits des femmes a débuté dans les dernières années du Second Empire français lorsqu'elle a apporté son soutien en 1869 au journal de Léon Richer Le Droit des Femmes (1869-1891), puis, un an plus tard, se joint à lui pour fonder la Société pour l'amélioration du sort de la femme. En 1878, elle et Richer ont accueilli le premier Congrès français international du droit des femmes, une collaboration qu'ils ont répétée en 1889 avec le deuxième Congrès français et international du droit des femmes. Le féminisme de Deraismes a contribué à produire des réformes pratiques telles que de meilleures opportunités d'éducation pour les femmes, la reconstitution en 1884 d'une loi autorisant le divorce et le droit des femmes d'affaires de voter pour les juges des tribunaux de commerce. Ses écrits féministes inclus Eve contre Dumas fils (1872) et Eve dans l'humanité complète au niveau des unités (1891).
Comme la majorité de ses féministes françaises libérales contemporaines, Deraismes souscrit à lapolitique de la brèche, une stratégie qui appelait à la "brèche" au coup par coup du mur du privilège et de la domination masculins. Cette stratégie place Deraismes en opposition avec l'autre aile du mouvement féministe libéral français naissant, l'aile dirigée par la suffragiste Hubertine Auclert (1848-1914) et marquée par la politique de l'assaut, une stratégie qui appelait à «attaquer» le mur d'un seul coup en garantissant le droit de vote des femmes. La stratégie de «brèche» a permis à Deraismes de se présenter comme une modérée et de poursuivre des réformes spécifiques au profit des femmes, mais elle l'a également laissée maladroitement dépendante des républicains, dont la peur du conservatisme clérical et de l'esprit des femmes «en proie aux prêtres» a entraîné femmes sans droit de vote jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Deraismes s'est également trouvée en désaccord avec d'autres féministes et réformatrices sur la question de la législation protectrice pour les femmes, s'y opposant comme une violation de l'engagement libéral en faveur de l'idéal d'égalité des droits pour les femmes - et les hommes - en tant qu'individus.
Parmi les autres causes auxquelles Deraismes prêta son influence, citons le soutien en France à la croisade contre la prostitution légale dirigée par Josephine Butler (1828-1906), une Anglaise; condamnation de romanciers décadents, comme Émile Zola (1840-1902); et le souci de la maltraitance des animaux, en particulier la pratique de la vivisection. Les critiques abondaient du vivant de Deraismes. Certains francs-maçons la considéraient comme une «sorte de monstre». Les ouvriers en voulaient à son parcours de classe; la bourgeoisie se moquait de sa passion pour l'émancipation des femmes. D'autres féministes se sont plaints qu'elle avait non seulement essayé d'imposer sa marque personnelle au mouvement, mais avait également confondu les droits des femmes avec l'anticléricalisme et le républicanisme libéral. Peu de temps après sa mort, le conseil municipal de Paris rebaptisa une rue en son honneur et, en 1898, ses amis lui érigèrent une statue sur la place des Epinettes. Seul le piédestal subsiste aujourd'hui.