Dolto, françoise (1908–1988)

Psychanalyste français.

Françoise Dolto (née Marette) est née à Paris, où elle a grandi dans une famille bourgeoise. La mort de sa sœur aînée due au cancer a joué un rôle clé dans son choix de carrière. Dès son plus jeune âge, elle aspire à rejoindre la profession médicale et à s'occuper des enfants, mais tout au long de sa jeunesse cette ambition s'est heurtée à des résistances familiales. Sa mère ne voyait pas d'avenir pour une fille autre que le mariage. Françoise s'est tournée vers la couture et la décoration de la porcelaine. En 1929, sa mère accepta finalement de la laisser étudier les soins infirmiers, mais Françoise commença bientôt à suivre des cours de médecine. C'est là qu'elle a rencontré Mark Schlumberger, qui avait été analysé et formé en Autriche et en Angleterre et qui lui avait conseillé de lire Sigmund Freud. En 1934, elle entreprit une série d'analyses avec René Laforgue, qui à son tour l'encouragea à participer à des séminaires avec Spitz, Nacht et Loewenstein.

Même avant la Seconde Guerre mondiale, Dolto en était venue à croire qu'un certain nombre de maladies infantiles dont elle s'occupait avaient une origine psychologique inconsciente. Elle termine ses études à la Faculté de médecine de Paris et obtient en 1939 une thèse intitulée "Psychanalyse et pédiatrie". En septembre de la même année, elle a ouvert un cabinet de médecin généraliste et pédiatre. En 1942, elle épouse Boris Dolto (1899–1981), rhumatologue et fondateur de l'École française d'orthopédie et de massage, qui adhère avec enthousiasme aux idées développées par sa femme. Le couple a eu trois enfants: Jean-Chrisostome, qui allait devenir populaire en tant que chanteur sous le nom de Carlos; Grégoire, architecte; et Catherine Dolto, sociologue, médecin et auteur à succès de livres pour enfants.

Françoise Dolto était membre de l'école freudienne de Paris et ses théories étaient controversées. La psychanalyse des enfants en était encore à ses débuts et était entourée de critiques, même de la part d'autres analystes. Dolto a rapporté qu'un psychanalyste s'est plaint que si les psychanalystes commençaient bientôt à s'occuper d'enfants, aucun adulte ne chercherait à se faire soigner et la profession serait à court de patients. Pourtant, Dolto est restée inébranlable dans sa conviction que les êtres humains communiquent avec leur environnement dès le début, même dans l'utérus, et que les enfants doivent être considérés dans la dynamique de leur histoire personnelle et familiale.

Bien qu'elle ait planifié une carrière de pédiatre, Dolto est devenue psychanalyste et a apporté une contribution significative au développement de la psychanalyse infantile. Elle est consultante dans plusieurs établissements, dont l'hôpital Trousseau (1940-1978) et le Centre Etienne Marcel (1962-1985). Membre de la Société psychanalytique de Paris depuis 1938, elle a suivi Jacques Lacan dans la célèbre faille de 1953, qui a conduit à la fondation de la Société française de psychanalyse. En 1964, elle participe, avec Lacan, à la création de l'École française de psychanalyse, qui deviendra plus tard la célèbre École freudienne de Paris.

Elle a également fait connaître ses réflexions sur le monde de l'enfance à travers des émissions de radio et par la suite dans des livres à succès. Son statut a été renforcé par son talent pour utiliser les médias, et elle est devenue considérée comme la «grand-mère préférée de la France». Elle parlait et écrivait dans une langue accessible à tous, cherchant à dé-dramatiser les situations et à éviter les attitudes prescriptives. (Elle a dit à des parents anxieux que s'ennuyer en classe est un signe d'intelligence.) Son succès en tant que communicatrice l'a encouragée à prendre sa retraite en tant que psychanalyste et à se consacrer à la formation et à la diffusion des connaissances en tant que pédagogue.

Dans les médias, Lacan et Dolto sont devenus les idoles publiques de la psychanalyse. Les jeunes parents se sont appuyés sur ses livres, qui ont fait l'objet de nombreuses réimpressions. Ses opinions ont remplacé celles du pédiatre américain Benjamin Spock, d'abord en France puis dans toute l'Europe, mais son succès lui a valu la jalousie, et parfois l'hostilité, de collègues psychanalystes. Clinicienne célèbre mais controversée, elle a ouvert en 1979 la Maison Verte (Green House), qui cherchait à développer un contact social précoce chez les enfants en les incitant à parler, à jouer et à dé-dramatiser leurs problèmes. L'initiative a rencontré un vif succès et d'autres Maisons Vertes ont ouvert en Europe et dans le monde. Au début du XXIe siècle, des lieux d'inspiration Dolto continuent de se multiplier, notamment les Maisons Vertes, les centres de quartier périscolaires où sont pris en charge les enfants, les hôtels pour enfants et les centres de rencontre pour les enfants de parents divorcés.

Chrétienne engagée, Dolto a tenté de concilier sa foi avec la pratique de la psychanalyse. En 1977, elle a publié L'evangile au risque de la psychanalyse (L'évangile au risque de la psychanalyse). Françoise Dolto est décédée à Paris le 25 août 1988.