Montcalm. En mai 1756, alors que les hostilités en Amérique étaient sur le point de déclencher une guerre européenne, Louis-Joseph de Montcalm-Gozon, marquis de Montcalm de Saint Véran, arriva au Canada avec des renforts de France. Il a trouvé une situation difficile. Le gouverneur, Pierre de Rigaud, marquis de Vaudreuil, était le commandant de quatorze mille miliciens canadiens et des quinze cents marines de la colonie. Montcalm ne commandait directement que six régiments de réguliers, soit un total d'environ quatre mille hommes. Dans cette situation de commandement militaire divisé, les deux hommes ont de plus en plus de mal à se traiter. Vaudreuil était jaloux du pouvoir de Montcalm et Montcalm méprisait la corruption du gouvernement de la Nouvelle-France. Néanmoins, ils ont réussi à s'entendre sur une offensive contre Oswego. En tant que poste de traite, Oswego avait coupé dans ce que les Français considéraient comme leur monopole du commerce des fourrures. En tant que fort, il menaçait la sécurité du voyage des Français du fleuve Saint-Laurent au Mississippi en passant par les Grands Lacs. Montcalm se rend d'abord au fort Ticonderoga pour convaincre les Anglais qu'une offensive serait dirigée vers le fort William Henry. Il se précipita ensuite vers le fort Frontenac et, le 10 août, se trouvait à Oswego avec trois mille Français, Canadiens et Indiens. Après un bref bombardement, la garnison découragée, dont beaucoup étaient malades, se rendit. Pour un prix de trente tués et blessés, Montcalm avait capturé six cents hommes avec toutes leurs provisions, plus de cent canons et six sloops armés. Plus important peut-être, il avait tellement impressionné les Indiens qu'ils se joignirent en masse à la cause française, avec plus de deux mille d'entre eux rencontrant Montcalm à Montréal pour prêter allégeance.
Échec à Louisbourg. Sur l'île du Cap-Breton, au nord de la Nouvelle-Écosse, se trouvait l'un des forts les plus formidables du monde. Nommé Louisbourg d'après le roi de France, sa construction avait tellement coûté que le roi aimait plaisanter et s'attendait un jour à regarder par la fenêtre de son palais en France et à le voir se profiler à l'horizon. Ce fort gardait des navires de guerre qui pouvaient protéger les bateaux de pêche français au large des Grands Bancs, empêcher un ennemi de pénétrer dans l'embouchure du fleuve Saint-Laurent ou piéger une flotte ennemie qui réussissait à atteindre le fleuve. Si Québec devait être attaqué par la mer, il faudrait saisir Louisbourg. Il avait, en fait, été capturé par les habitants de la Nouvelle-Angleterre en 1745 pendant la guerre du roi George (1740-1748). À l'indignation des colons, il avait été rendu à la France dans le traité de paix. Au printemps de 1756, le général John Campbell, comte de Loudon, le nouveau commandant britannique en Amérique du Nord, rassembla quinze mille soldats pour les amener à Halifax, en Nouvelle-Écosse, pour attaquer Louisbourg. L'expédition est allée lentement. Loudon eut du mal à rassembler suffisamment de marins pour transporter ses troupes de New York et dut ensuite attendre l'arrivée d'une flotte d'Angleterre. Pendant que les troupes effectuaient des exercices à Halifax, on apprit que dix-huit cuirassés français étaient arrivés à Louisbourg. L'amiral britannique ne pouvait pas les tenter de partir pour le combattre, et leurs canons, combinés à ceux de la forteresse, rendirent une attaque suicidaire sur Louisbourg. Le 24 septembre, l'expédition a été abandonnée après qu'une tempête a dispersé la flotte britannique.
Montcalm perd le contrôle. Pour monter l'attaque de Louisbourg, les troupes britanniques avaient été prises aux forts Edward et William Henry, ne laissant que vingt-trois cents réguliers et cinquante-cinq cents coloniaux pour les défendre. Le colonel Daniel Webb a gardé la plupart de ces troupes avec lui à Fort Edward, ce qui n'a permis qu'à sept cent cinquante soldats réguliers et à douze cent Néo-Anglais de défendre le fort William Henry. Le 3 août 1757, Montcalm comparut devant le fort William Henry avec quatre mille soldats français et mille indiens. Après un duel d'artillerie de quatre jours, tous les canons du fort ont été mis hors service et les miliciens étaient au bord de la mutinerie. Le lieutenant-colonel George Monro a rendu le fort à des conditions qui permettaient à ses hommes de marcher avec les honneurs de la guerre, à condition qu'ils promettent de ne plus se battre pendant dix-huit mois. Le 9 août, alors que la garnison non armée se préparait à marcher vers le fort Edward, les alliés indiens des Français les attaquèrent. Bien que Montcalm se soit jeté au milieu des Indiens pour tenter de les retenir, les Indiens massacrèrent plus de deux cents soldats et une centaine de leurs femmes et enfants. Le colonel Webb à Fort Edward n'avait pas envoyé d'aide pendant la bataille et a maintenant décidé qu'une contre-attaque n'était pas possible. Il était tellement démoralisé que Montcalm aurait facilement pu détruire le fort Edward et menacer Albany, mais il n'avait pas de vivres et dut se replier sur le fort Ticonderoga.
Source
Ian K. Steele, Trahisons: Fort William Henry et le massacre (New York: Oxford University Press, 1990).