Le peintre français Jean Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) est considéré par la critique moderne comme l'un des artistes les plus importants du XVIIIe siècle ainsi que l'un des peintres les plus distingués de l'histoire de l'art français.
Jean Baptiste Chardin est né à Paris le 2 novembre 1699, fils d'un ébéniste. Il a étudié la peinture avec Jacques Cazes, Nöel Nicholas Coypel et Jean Baptiste Van Loo. En 1728, Chardin fut admis à l'Académie royale en tant que «peintre d'animaux et de fruits», non pas un rang élevé dans l'académie, mais qui satisfit l'artiste sans prétention. Les deux tableaux qui lui ont valu d'être admis à l'académie étaient Le Rayfish et Le buffet, peintures de poissons, fruits, cruches et autres objets assemblés décorativement dans des compositions assez riches animées par la présence d'animaux; les deux œuvres s'inscrivent dans la tradition des natures mortes hollandaises et flamandes du XVIIe siècle.
Vers 1730, Chardin commença à peindre les sujets de genre pour lesquels il est le plus connu: de petites et humbles scènes de la vie quotidienne de la petite bourgeoisie parisienne avec laquelle il était si familier et auquel il appartenait. Ces peintures représentent des femmes travaillant dans des cuisines, des enfants jouant à des jeux solitaires tranquilles, des mères servant des repas; ce sont de simples scènes d'événements domestiques ordinaires présentées sans drame et sans fioritures émotionnelles, mais Chardin les investit de dignité et d'humanité. Ils révèlent un aspect de la vie française du XVIIIe siècle jamais vu dans le travail des artistes à la mode qui étaient patronnés par la cour et l'aristocratie et qui ont produit des peintures décoratives, élégantes, sensuelles et légères dans le style rococo dominant établi par Antoine Watteau dans les premières années du siècle.
À la fin des années 1730, la valeur de Chardin en tant qu'artiste fut reconnue et il commença à connaître le succès malgré le fait que son travail le distinguait du courant dominant de la peinture française. Les connaisseurs et les collectionneurs ont acheté son travail et les gravures de ses peintures sont devenues extrêmement populaires. De bons exemples de ses peintures de genre sont La grâce (vers 1740), acheté par le roi Louis XV; Enfant avec Top (1738); et De retour du marché (1739). Chardin est également célèbre pour les natures mortes qu'il a réalisées tout au long de sa carrière. Les meilleurs d'entre eux sont des arrangements de quelques objets simples tels que des ustensiles de cuisine en cuivre, un verre à vin, un bol en poterie, une pêche; des exemples sont Nature morte avec pipe et Cuisine Nature morte.
Le style de Chardin est un style de retenue, de sobriété et d'une simplicité qui se rapproche du sévère. Ses couleurs sont souvent sobres et fraîches, et nombre de ses natures mortes ultérieures ont une formalité presque austère. Chardin ne peut cependant pas être totalement séparé du style rococo ou des traditions de son siècle, même s'il n'a jamais été un peintre décoratif rococo comme François Boucher ou Jean Honoré Fragonard. Le XVIIIe siècle aimait le petit et l'intime, et les œuvres de Chardin ont ces qualités. La subtile complexité de ses compositions, son amour des textures raffinées et sa perception des valeurs tonales tremblantes de la lumière sont également des manifestations du goût artistique contemporain. Le style de Chardin est uniquement le sien, mais son analyse révèle à quel point il appartenait à son époque.
En 1757, Chardin obtint un appartement au Louvre, qui n'était pas utilisé par les rois de France comme résidence à l'époque et qui abritait l'Académie royale de peinture et de sculpture. En 1768, le roi Louis XV lui donne une pension. A cette époque, le goût du public était passé des scènes modestes de Chardin à une réception enthousiaste du genre paysan mélodramatique, sentimental et moralisateur de Jean Baptiste Greuze. Chardin a continué à peindre, cependant, même si pendant les années 1770 sa vue s'est affaiblie; il s'est tourné vers l'utilisation du pastel et au cours des dernières années de sa vie a produit un travail impressionnant dans ce milieu difficile. Il mourut à Paris le 6 décembre 1779.
lectures complémentaires
L'ouvrage le plus complet sur Chardin en anglais est Georges Wildenstein, Chardin (1969), une combinaison et une traduction de ses deux œuvres antérieures, en français, du même titre (1933 et 1963). D'autres œuvres en anglais incluent Bernard Denvir, Chardin (1950), et Pierre Rosenberg, Chardin (1963; trans. 1963), qui contient de nombreuses excellentes illustrations. Un travail plus ancien mais utile est E. Herbert et A. Furst, Chardin (1911). Roger Fry, Art français, flamand et britannique (1951), contient une analyse de l'œuvre de Chardin par un critique moderne important qui l'admirait sans réserve. Un excellent et sympathique examen de Chardin dans le contexte de la peinture du XVIIIe siècle est présenté dans Michael Levey, Du Rococo à la Révolution: les grandes tendances de la peinture du XVIIIe siècle (1966). Des références à Chardin peuvent être trouvées dans Arno Schönberger et Halldor Soehner magnifiquement illustré L'âge rococo: art et civilisation du XVIIIe siècle (1959; trans. 1960).
Sources supplémentaires
Conisbee, Philip, Chardin, Lewisburg NJ: Bucknell University Press, 1986. Roland Michel, Marianne, Chardin, New York: Abrams, 1996.
Rosenberg, Pierre, Chardin, Genève: Skira; New York: Rizzoli, 1991. □