Roi de Belgique de 1934 à 1983.
Léopold III succéda à son père, Albert Ier, héros de la Première Guerre mondiale, en 1934. En partie sous la direction de Léopold, la Belgique décida en 1936 de mettre fin à son alliance militaire avec la France et de poursuivre une voie indépendante à la place. C'était un geste qui préfigurait la neutralité ultérieure de la Belgique au début de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939.
Lorsque la Belgique a été envahie par l'Allemagne le 10 mai 1940, le gouvernement a appelé à l'aide des Alliés. Quinze jours plus tard, le 25 mai 1940, une rupture dramatique s'est produite entre le roi et ses ministres. Ils se rendirent tous compte que l'armée devrait bientôt abandonner sa résistance sur le territoire belge. Les ministres ont estimé que le roi devait fuir avec eux en France pour continuer le combat, ne serait-ce que symboliquement, aux côtés des Alliés. Ils croyaient que le front allié en France pouvait être stabilisé et ils étaient très convaincus que la Belgique devrait continuer à se battre aussi longtemps que la France le ferait. La Belgique, disaient-ils, devrait jeter son lot avec les Alliés.
Le roi, quant à lui, estime qu'il doit rester en Belgique, aux côtés de son peuple et de son armée. Après tout, la guerre semblait terminée pour la Belgique. Étant un État neutre, il n'était autorisé qu'à protéger son propre territoire. De plus, Léopold s'attendait à ce que la France, elle aussi, capitule bientôt. Cela signifierait la fin de la guerre sur le continent. Le roi a mis tout son espoir dans un compromis de paix entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne, par lequel l'avenir de la Belgique pourrait également être sauvegardé. S'il craignait qu'Adolf Hitler ne règne sur l'Europe continentale, il pensait également que l'armée allemande se débarrasserait tôt ou tard des nazis.
En conséquence, les ministres ont fui en France, tandis que Léopold est resté en Belgique. Le 28 mai, lui et l'armée belge encerclée se rendirent aux forces allemandes. Le Premier ministre français Paul Reynaud a accusé Léopold d'avoir capitulé sans consulter les Alliés, ce qui était clairement faux. Les ministres belges ont également accusé le roi de trahison. Après le 17 juin 1940, jour de la capitulation de la France face aux Allemands, le gouvernement belge essaya de rétablir le contact avec Léopold. Cependant, le roi a refusé de communiquer avec eux et continuera de le faire tout au long de la guerre.
Pour Léopold, la lutte de la Belgique a pris fin le 28 mai 1940. Il estime qu'il est désormais de l'obligation du pays d'adopter une position de facto neutre vis-à-vis du conflit. Il avait l'intention de rester politiquement passif jusqu'à la fin de la guerre et il ne souhaitait certainement pas régner sur un pays sous occupation allemande qui était utilisé dans une guerre avec la Grande-Bretagne, car cela aurait été en conflit avec le statut neutre de la Belgique. Le 29 juin 1940, Léopold demanda à Hitler de libérer une partie de la Belgique dans le cadre d'un arrangement similaire à celui convenu avec Vichy France, mais cette demande fut rejetée.
En partie en réponse à la politique pro-britannique menée par le gouvernement belge en exil, Léopold a rendu visite à Hitler lors de sa retraite de campagne à Berchtesgaden le 19 novembre 1940. A cette occasion, Leopold a plaidé pour un régime d'occupation plus clément et, plus important encore, a demandé des garanties concernant le statut indépendant de la Belgique dans l'Europe d'après-guerre. Il a compris qu'une indépendance totale serait impossible en matière de politique étrangère et de défense, et a souligné que ce qui importait «par-dessus tout» était l'indépendance interne du pays. Hitler a exprimé une opinion favorable sur le maintien de l'indépendance interne de la Belgique, mais a refusé de le confirmer par écrit.
Le roi décida de jouer à un jeu d'attente et fit préparer un futur État, si les Allemands gagnaient la guerre. Au moins jusqu'en 1942, ses collaborateurs ont continué à travailler sur une constitution autoritaire pour une Belgique sous le nouvel ordre.
En 1941, Léopold III épousa sa deuxième épouse, Lilian Baels (sa première épouse immensément populaire est décédée dans un accident de voiture en 1935). Lorsque la nouvelle du mariage de guerre parvint au public belge, la popularité du roi «captif» tomba à son plus bas niveau. Sa passivité a également suscité des interrogations. N'était-il pas de son devoir de protester ouvertement en 1942, lorsque les travailleurs belges étaient employés de force en Allemagne? Le roi sentit que non; il se voyait comme "l'ultime réserve," l'atout à jouer lors des négociations de paix au niveau européen.
Au début de 1944, se rendant compte qu'une paix de compromis n'était plus au rendez-vous, le roi rédigea une «volonté politique» qui devait être rendue publique lors de la libération de la Belgique par les Alliés. Dans ce document, il a exigé que le gouvernement lui présente des excuses pour sa position en 1940. À part cela, le document ne contenait pas un mot sur les Alliés ou la Résistance. Le roi a cependant également exigé que la Belgique retrouve son statut d'indépendance totale, ce qui impliquait un rejet de la politique pro-atlantique du gouvernement belge exilé à Londres.
En juin 1944, les nazis déportèrent Léopold en Allemagne, où il fut libéré en mai 1945. Pendant ce temps, en Belgique, un débat avait éclaté sur sa position pendant la guerre. Le roi n'a pas pu rentrer chez lui, de sorte que son jeune frère Charles a servi comme prince régent. Le pays s'est polarisé sur ce que l'on appelait la «question royale» et qui finirait par conduire à l'abdication du roi Léopold en 1950 en faveur de son fils aîné Baudouin. Léopold est décédé à Woluwe-Saint-Lambert, Belgique, en 1983.