Poisons, affaire du

Poisons, affaire du. Le plus grand scandale du règne de Louis XIV (1643-1715) de France, l'Affaire des Poisons a révélé qu'une vingtaine des courtisans les plus hauts gradés du roi, y compris sa maîtresse officielle, Madame de Montespan (1641-1707), avaient des liens à un monde criminel florissant qui traitait de magie. Ce réseau lâche de sorcières, magiciens et prêtres renégats colportait des remèdes magiques, des charmes d'amour, des rituels démoniaques et des «poudres d'héritage» à base d'arsenic à une clientèle issue de tous les rangs de la société parisienne. Déterminé à éradiquer ce qu'il appelait «ce misérable commerce de poisons», Louis XIV nomma en 1679 une commission judiciaire spéciale, la Chambre de l'arsenal, pour juger les accusés. Alors que la commission a enquêté sur plus de 400 suspects au cours de son mandat de trois ans, une soixantaine d’entre eux n’ont jamais été traduits en justice. Le Roi Soleil considérait leur témoignage potentiel concernant le patronage de sa maîtresse envers la célèbre sorcière La Voisin trop incendiaire pour être entendu. Ces malheureux ont plutôt été placés à l'isolement pour le reste de leur vie et interdits de parler même à leurs geôliers.

Après la dissolution de la Chambre de l'Arsenal par Louis XIV en juillet 1682, il publie un édit royal condamnant à la fois la croyance en la magie et ceux qui prétendent pouvoir la pratiquer. Tous ceux qui prétendaient accomplir des «soi-disant actes de magie», a-t-il déclaré, n'étaient que des fraudes. Toutes les sorcières et magiciens autoproclamés devaient donc quitter la France dans les trois jours sous peine d'être exécutés. L'édit a également institué, pour la première fois en Europe, une réglementation étatique de la vente d'arsenic et d'autres poisons. Et peut-être pas par hasard, Louis XIV n'a pris aucune autre maîtresse après la fin de l'affaire des poisons.