La Quadruple Alliance a été signée en novembre 1815 par la Russie, la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Prusse, à la suite de la longue série de guerres qui ont débuté au lendemain de la Révolution française et se sont terminées par la défaite de Napoléon. C'était essentiellement une continuation du traité de Chaumont de 1814, dans lequel les quatre puissances juraient de vaincre la France et de rester alliées pendant vingt ans pour garder la France sous contrôle. À l'époque, la Russie était la puissance militaire prééminente en Europe. De 1813 à 1814, les Européens avaient observé avec un mélange d'étonnement et d'horreur les soldats russes chasser la Grande Armée de Napoléon hors de leur pays et, rejoints par la Prusse, la Grande-Bretagne et enfin l'Autriche, jusqu'à Paris. La Grande-Bretagne régnait sur les mers, mais aucune armée ne rivalisait avec celle de la Russie, et la peur de cette nouvelle puissance était vive en Autriche et en Grande-Bretagne jusqu'à sa défaite désastreuse dans la guerre de Crimée.
L'individu le plus responsable de la destruction complète du pouvoir de Napoléon était l'empereur Alexandre Ier (r. 1801–1825). Les autres puissances continentales avaient été disposées à négocier un règlement avec Napoléon, mais Alexandre avait insisté sur la victoire totale. Depuis au moins 1805, il était convaincu que seules la Russie et la Grande-Bretagne avaient les ressources nécessaires pour vaincre Napoléon et rétablir l'ordre en Europe sur la base d'un nouveau système de traités.
Avec la défaite finale de Napoléon en 1815, les puissances victorieuses ont été confrontées à deux problèmes connexes: comment contenir la France et comment empêcher la révolution. En novembre, le ministre britannique des Affaires étrangères, le vicomte Castlereagh, a proposé une continuation du système d'alliance, renforcé par un système de congrès de grande puissance pour faire face aux crises à mesure qu'elles surgissaient. La réponse vague d'Alexandre fut une «Sainte Alliance» de monarques chrétiens qui se traiteraient les uns les autres avec la fraternité chrétienne et la charité. Cette proposition n'a eu aucun effet pratique.
Castlereagh avait sa manière, et dans la Quadruple Alliance, les puissances victorieuses se sont engagées à maintenir le système politique établi au Congrès de Vienne pendant les vingt prochaines années, par la force si nécessaire, et à se réunir périodiquement pour se consulter sur le maintien de l'ordre et de la stabilité. Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que la Grande-Bretagne n'interviendrait jamais militairement dans les affaires intérieures d'un autre État. Quand Alexandre le pressa de promettre un soutien à la monarchie des Bourbons restaurée en France, Castlereagh refusa. Cela a beaucoup alimenté les soupçons d'Alexandre sur la politique britannique.
Au fur et à mesure que les sentiments anti-britanniques d'Alexandre grandissaient, il en vint à considérer la France sous un jour plus favorable. Réalisé par ses conseillers, en particulier Corfiote Capodistrias, il a conclu que si la France était admise dans la Quadruple Alliance, elle pourrait devenir un contrepoids à la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, à l'Autriche, surtout si la Prusse continuait à suivre l'exemple diplomatique de la Russie.
Le résultat fut le Congrès d'Aix-la-Chapelle en 1818. Convoqué ostensiblement pour mettre fin à l'occupation militaire de la France, il avait vraiment pour but de remettre la France dans le système des grandes puissances. Son issue est double: la France rejoint l'alliance, qui devient la Quintuple Alliance, mais la Quadruple Alliance est reconfirmée car les vainqueurs, malgré leur méfiance mutuelle, craignent encore une France renaissante. Au cours des prochaines décennies, cependant, la peur de la puissance russe et de l'expansionnisme s'emparera de toutes les grandes puissances à l'exception de la Prusse, jusqu'à ce qu'elles s'unissent pour vaincre la Russie dans la guerre de Crimée.