THIERS, LOUIS-ADOLPHE (1797–1877), l'un des fondateurs de la Troisième République en France.
Adolphe Thiers est né à Marseille le 15 avril 1797. Il a vaincu la naissance hors mariage, la désertion de son père, la pauvreté relative, et une taille de cinq pieds et deux pouces à peine avec son ambition, son intelligence et son industrie. Elève au lycée de Marseille, il poursuit des études de droit à l'Université d'Aix-en-Provence. Bien que sa famille ait souffert financièrement pendant la Révolution, Thiers a embrassé les idées politiques libérales après 1815 et, après avoir obtenu son diplôme, a choisi le journalisme, pas le droit.
S'installant à Paris en 1821, il rejoint le principal journal libéral, Le Constitutionnel. Thiers s'est également lancé dans un important travail historique, son Histoire de la révolution (dix volumes, 1823–1827), qui a fourni une interprétation libérale de la Révolution et une explication rationnelle de la terreur jacobine. En janvier 1830, un nouveau journal libéral parisien est fondé, Le National, et, avec François-Auguste-Marie Mignet (1796–1884) et Jean-Baptiste Nicolas Armand Carrel (1800–1836), Thiers devient l'un de ses trois éditeurs. Le national fait valoir que les ministres du roi doivent avoir la majorité à la Chambre des députés, soutiennent les candidats de l'opposition aux élections législatives, attaquent le ministère Jules Armand Polignac (1780–1847) et s'opposent aux quatre ordonnances du 26 juillet 1830. Thiers est l'une des principaux auteurs d'une protestation contre les ordonnances rédigées le 26 juillet et signées par quarante-quatre journalistes. Il a également joué un rôle de premier plan en persuadant Louis-Philippe (1773–1850), duc d'Orléans, de succéder au roi Charles X (1757–1836) après l'abdication de ce dernier.
Le 21 octobre 1830, Thiers est élu député d'Aix-en-Provence. Il fut ministre de l'Intérieur d'octobre 1832 à janvier 1833, puis ministre du commerce et des travaux publics. Ministre de l'intérieur une fois de plus, Thiers est accusé du massacre de la rue Transnonain (13 avril 1834), lorsque plusieurs civils innocents sont tués dans une fusillade entre militants républicains et soldats et gardes. Néanmoins, Louis-Philippe le nomma à la tête d'un ministère de février à août 1836, puis de nouveau à partir du 1er mars 1840. Dans son second ministère, Thiers menaçait apparemment une guerre entre la France et les autres puissances européennes sur l'Égypte et la Syrie. Alarmé, Louis-Philippe renvoya finalement Thiers (22 octobre 1840).
Hors du bureau gouvernemental pour le reste de la monarchie de juillet, Thiers a commencé son mammouth Histoire du consulat et de l'empire (vingt volumes, 1845–1862). Cette histoire narrative longue et détaillée dépeint Napoléon Ier (r. 1804–1814/15) comme un héros romantique et un commandant militaire à succès. Après que Louis-Philippe eut destitué François-Pierre-Guillaume Guizot (1787–1874) le 23 février 1848, il invita Thiers à former un ministère, mais il était alors trop tard pour sauver la monarchie de juillet.
Élu à l'Assemblée nationale le 4 juin 1848, Thiers soutient Napoléon III (1808–1873) à l'élection présidentielle du 10 décembre 1848. Pourtant, Thiers n'accepte pas la fonction ministérielle et devient de plus en plus critique à l'égard du prince-président. Brièvement emprisonné après le coup d'État du 2 décembre 1851, Thiers mena alors une vie d'exil à Bruxelles, Londres et en Suisse jusqu'à ce qu'il soit autorisé à revenir en France en août 1852. En mai 1863, il fut élu au corps législatif, où il rejoint l'opposition tout en restant séparé de la gauche républicaine. Il a fait campagne pour les libertés libérales (mais pas pour le libre-échange), s'est opposé à l'expédition mexicaine et a mis en garde contre l'expansion du pouvoir prussien en Allemagne. En juillet 1870, il essaya désespérément de décourager la guerre avec la Prusse. Une fois la guerre commencée, il a appelé à la concentration des troupes françaises dans la région parisienne. Il refusa de servir comme ministre sous l'impératrice Eugénie ou dans le gouvernement provisoire formé après le 4 septembre 1870, mais il accepta d'accepter une mission diplomatique pour solliciter l'aide étrangère pour la France.
Aux élections de l'Assemblée nationale du 8 février 1871, à la suite de l'armistice avec l'Allemagne du 28 janvier, vingt-six départements élirent Thiers. Ce signe remarquable de sa popularité lui assure son élection à Bordeaux comme «chef du pouvoir exécutif» (13 février 1871). Thiers dut alors accepter les durs termes du traité de Francfort (10 mai 1871) - le versement d'une importante indemnité et la perte de l'Alsace et de la Lorraine. Pendant ce temps, en ordonnant l'enlèvement du canon de Paris le 17 mars 1871, Thiers avait provoqué l'éclatement de la Commune de Paris. La défaite de la Commune de Paris écrase temporairement la gauche radicale, tandis que l'opposition de Thiers à une restauration monarchique contribue à enrayer la droite royaliste. Au lieu de cela, Thiers a présidé à l'émergence d'une République conservatrice. Au moment de sa démission (24 mai 1873), il avait atteint la stabilité financière, le paiement intégral de l'indemnité due à l'Allemagne et la fin de l'occupation militaire allemande du territoire français. Thiers continue à être député, mais ne participe guère aux débats parlementaires.
Thiers meurt le 3 septembre 1877. Sa carrière exceptionnellement longue, des années 1820 aux années 1870, indique les continuités politiques de cette période, malgré quatre changements de régime, et les liens étroits entre le journalisme, l'écriture historique et la politique commune au XIXe siècle. France. Son héritage politique, une combinaison de patriotisme, de libéralisme et de conservatisme, a eu un effet profond sur la Troisième République.