ACHARD DE BONVOULOIR ET LOYAUTÉ, JULIEN ALEXANDRE. (1749–1783). Agent secret français. Bonvouloir, cadet d'une famille noble normande, s'était installé à Saint Domingue au début des années 1770. Voyageant en Amérique du Nord pour le climat, il fit le tour des colonies avant le déclenchement de la guerre et rencontra à Philadelphie les membres du premier Congrès continental. Prétendant avoir obtenu de précieuses informations sur les Américains pendant son séjour, il se rend à Londres et rencontre l'ambassadeur de France, le comte de Guines. Le 8 septembre 1775, il retourna en Amérique avec les instructions de Guines d'observer et d'informer les Américains que les Français n'avaient aucune intention sur le Canada, leur souhaitait bonne chance et serait heureux si les circonstances permettaient à leurs navires de pénétrer dans les ports français.
Se faisant passer pour un marchand d'Anvers et chargé par Guines de ne jamais prononcer le mot «français», il eut trois réunions avec Benjamin Franklin et d'autres membres du Comité de correspondance secrète du Congrès. Bien qu'il ait nié toute connexion officielle et prétendu qu'il n'était là que pour explorer les possibilités de conclure des accords privés pour fournir aux Américains des munitions, les membres du comité ont senti sa véritable mission. Cela ressort des questions qu'ils lui ont soumises par écrit: le monsieur pourrait-il les informer de l'attitude officielle française envers les colons, et s'ils étaient favorables, comment cela pourrait-il être authentifié? Comment pourraient-ils trouver deux ingénieurs qualifiés? Serait-il possible de se procurer des armes et autres fournitures de guerre directement de France, payés en produits américains, et les ports français seraient-ils ouverts à un tel échange?
Bonvouloir rapporta à ses supérieurs le 28 décembre 1775 qu'il avait maintenu sa posture de simple citoyen et promis seulement de présenter leurs demandes là où elles pourraient être satisfaites. Pourtant, sa rencontre avec le comité a été compliquée par l'arrivée de deux véritables marchands français, Pierre Penet et Emmanuel de Pliarne. Ils ont également offert des armes aux Américains et laissé entendre qu'ils agissaient au nom du gouvernement français. Penet arriva en France à peu près au même moment que le rapport de Bonvouloir. Le 3 mars 1776, le Congrès décida d'agir directement en nommant Silas Deane son émissaire pour savoir ce qu'il pouvait faire en France pour obtenir de l'aide. Cela conduisit à la création d'Hortalez & Cie. Les Français craignaient que Bonvouloir fût si transparent qu'il pourrait embarrasser officiellement la cour. Le 13 juin 1776, Vergennes écrivit à Guines: «J'espère vivement que M. de Bonvouloir a été assez sage en entreprenant son voyage de retour. Peu content de Bonvouloir, Vergennes envoya à Guines l'argent dont l'agent avait besoin pour rentrer chez lui, ayant épuisé son avance.
Bonvouloir rentra en France en juin 1777. Dans l'espoir de devenir un véritable marchand, il retourna en Amérique, où les Britanniques le capturent et l'emprisonnèrent à Saint-Augustin. Il fut libéré et rentra en France en juillet 1778. Il y reçut une commission de lieutenant de frégate le 10 juillet 1779, devint un lieutenant d'artillerie, et le 30 septembre 1781 a été fait aide-major dans le corps expéditionnaire en Inde. Il est mort près de Pondichéry.