Apollinaire, William (Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky; 1880–1918)

Poète, écrivain et critique d'art français.

Avec Blaise Cendrars (Frédéric Sauser; 1887–1961), Apollinaire est considéré comme l'inventeur de la poésie française moderne. C'était le sien Alcools recueil, publié en 1913, qui l'a élevé au firmament de la poésie moderne. En défiant le mètre classique sans le fuir complètement, en éliminant la ponctuation et même en dessinant avec des mots dans son célèbre Calligrammes (1918), il s'est inventé un style entièrement libre. Cependant, cette liberté stylistique n'est jamais un exercice purement intellectuel car elle se déploie toujours au service d'un lyrisme profond qui rend son œuvre immédiatement reconnaissable.

Fils illégitime d'un soldat italien, Francesco d'Aspermont, Apollinaire a été élevé par sa mère, Angelica de Kostrowitzky, issue de la population polonaise émigrée en Italie après le soulèvement de 1866. En 1887, Guillaume, sa mère et son frère Albert s'installent à Monaco, où ils vécurent jusqu'en 1899. Guillaume se révèle être un élève brillant au lycée, remportant une série de prix. En 1897, il compose pour la première fois des poèmes sous le nom de Guillaume Apollinaire. Ses premiers textes remarquables ont été écrits deux ans plus tard alors qu'il séjournait à Stavelot dans les Ardennes belges. Après ce séjour, Apollinaire s'installe à Paris, où il rejoint sa mère. De 1899 à 1901, Apollinaire établit des contacts dans les cercles littéraires, publie des travaux dans quelques petits magazines et écrit des opuscules érotiques afin de gagner rapidement de l'argent. En 1901 et 1902, il effectue plusieurs visites en Allemagne, notamment dans la vallée du Rhin. De là, il a ramené le Rhénanes (Rhénan) cycle (publié dans Alcools), pour lequel ses sources d'inspiration n'étaient pas seulement les romantiques allemands et français, mais aussi l'expérience du poète avec un pouvoir d'émerveillement. De plus en plus de ses travaux étant publiés dans des revues renommées, Apollinaire s'est également intéressé au développement de l'art moderne de son temps. Il s'associe aux fauves, puis aux cubistes, et devient une figure de la vie littéraire et artistique à Montmartre. Il pose à cette époque pour de nombreux peintres (Henri Rousseau, Pablo Picasso). Son premier recueil publié témoigne de cette proximité avec les milieux artistiques. En réalité, L'enchanteur pourrissant (1909), illustré de gravures sur bois par André Derain (1880–1954), a été commandé par le marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler (1884–1979). Son deuxième travail, L'hérésiarque et Cie, publié l'année suivante, se fait remarquer et remporte trois voix au prix Goncourt. Par le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Apollinaire, en tant que poète célébré de certains côtés et exécré d'autres, avec son Alcools collection prévue par Georges Duhamel (1884–1966) en Mercure de France en 1913 - était une figure établie dans les cercles littéraires et artistiques parisiens.

L'entrée en guerre en 1914 représente pour Apollinaire «un adieu à toute une époque». De nationalité russe par sa mère, il s'est enrôlé comme volontaire étranger dans l'armée française le 10 août 1914. Le 5 décembre, sa demande d'enrôlement est acceptée et il est affecté à l'artillerie. En novembre 1915, il demanda un transfert dans l'infanterie - une section plus dangereuse - et le 17 mars 1916, il reçut une grave blessure à la tête. Entre-temps, il avait obtenu la nationalité française. Ayant récupéré après une opération majeure à la tête, il a servi dans l'unité de censure et a été nommé sous-lieutenant, puis premier lieutenant.

Pendant la guerre, il a connu deux grandes amours, avec Lou et Madeleine, qui ont dû être l'inspiration de certains de ses poèmes, ainsi qu'une remarquable correspondance de guerre romantique et érotique:

Nous sommes prêts à mourir pour que vous puissiez vivre
dans le bonheur
Les coquilles ont brûlé les fleurs de la luxure
Et cette fleur
qui grandissait dans mon cœur et s'appelle
Mémoire
Le fantôme de cette fleur dure
C'est le désir…
(Lettre à Lou, 1er avril 1915; traduit du français)

En Avril 1918 Calligrammes a été publié. Les poèmes de guerre d'Apollinaire expriment une profonde compassion pour les soldats, ses camarades, et sont parfois imprégnés d'une ironie qui rappelle les poètes de guerre britanniques, mais ils reflètent aussi une étrange fascination pour la guerre et ne peuvent être interprétés comme des plaidoyers pacifistes. En fait, pendant la guerre, Apollinaire avait intensifié ses innovations stylistiques et son lyrisme d'avant-guerre (sa première Caligramme datée du 15 juin 1914), sans les changer complètement.

Apollinaire, qui a inventé le terme surréalisme (sa pièce Les mamelles de Tiresias [Les mammaires de Tirésias] de 1918 étaient sous-titrés «un drame surréaliste») devait rester la principale référence des jeunes poètes français du XXe siècle, bien qu'André Breton (1896-1966) critiquera plus tard son patriotisme. Il mourut de la grippe espagnole le 9 novembre 1918. Selon la légende, forgée en partie par son ami et rival Blaise Cendrars, il aurait été enterré le 11 novembre lors des célébrations de l'armistice. En fait, il a été inhumé deux jours plus tard.