Homme d'État français.
Aristide Briand est né le 28 mars 1862, à Nantes, en France, dans une famille de propriétaires de café. Il a fréquenté le lycée de Nantes. Après son bac, en 1881, il entre dans un cabinet d'avocats de Saint-Nazaire. Deux ans plus tard, il se rend à Paris pour étudier le droit. Il débute sa carrière à la fois comme avocat (il s'inscrit au barreau de Saint-Nazaire en novembre 1886) et comme journaliste (il publie son premier article en août 1884 dans La démocratie de l'ouest).
Impliqué politiquement dès son plus jeune âge (il était candidat radical aux élections législatives de 1889), Briand devint au cours des années 1890 un activiste révolutionnaire et un partisan des grèves générales. Briand fonde le premier syndicat des ouvriers de Brière le 10 août 1892 et commence à être perçu comme un fervent promoteur de la grève. En collaboration avec l'anarchiste Fernand Pelloutier (1867-1901), il a travaillé sur un essai, De la Révolution par la grève générale (Révolution par la grève générale). Dès lors, il se présente comme candidat socialiste, subissant plusieurs échecs avant d'être élu député aux élections législatives de 1902 dans la Loire (il sera réélu pour les trente prochaines années). En tant que secrétaire général du Parti socialiste, il se rapproche de Jean Jaurès (1859-1914), fondateur de L'humanité, un journal pour lequel Briand a écrit plusieurs articles.
S'il a rejoint la section française encore jeune de l'Internationale ouvrière en 1905, Briand avait une autre ambition: devenir homme d'État. Sa première occasion est venue lors d'un débat sur la loi imposant la séparation de l'Église et de l'État, dont il était le porte-parole à la Chambre des députés. Dans ce débat, il a montré des qualités qui vont forger la suite de sa carrière: son talent pour la conciliation et à la fois un sens et une volonté d'ouverture et de compromis. Le succès de cet effort lui permit de devenir ministre de l'Éducation publique et de la Culture en 1906, dans le cabinet de Jean Marie Ferdinand Sarrien. Ce fut un tournant dans sa carrière. Désormais, ses idées révolutionnaires s'éteindraient et seraient remplacées par un souci de réalisme et de pragmatisme. Son adhésion au Parti socialiste a été révoquée parce que le parti interdisait à ses membres de participer à des gouvernements «bourgeois».
Dès lors, Briand s'est présenté comme un socialiste indépendant, à cheval entre la gauche et la droite. Il entama ainsi une impressionnante carrière ministérielle (il fut ministre au total vingt-deux fois au cours des vingt-cinq années suivantes). Lorsqu'il est élu président du conseil pour la première fois en 1909 (il est réélu dix fois), il gouverne avec fermeté et pragmatisme, réprimant les grèves de 1910 et poursuivant une politique de conciliation avec les catholiques. Pendant la Première Guerre mondiale, il était le chef du gouvernement (1915–1917); il a également été premier ministre en 1921–1922, sous la majorité au pouvoir du Bloc national, et en 1925–1926, avec le cartel de gauche.
Le grand dessein de Briand concernait beaucoup plus la politique étrangère que la politique intérieure. Il a été nommé ministre des Affaires étrangères quinze fois et a servi sans interruption de 1925 à 1932. À la fin de la Première Guerre mondiale, il a d'abord été un partisan de la ferme application du traité de Versailles en Allemagne - mais l'homme qui " L'Allemagne "révisa bientôt sa position, se rendant compte que la France n'avait pas les moyens de surveiller le continent européen. Trois idées guideront désormais sa politique: des liens plus étroits entre la France et l'Allemagne, la défense de la paix et de la sécurité collectives dans le cadre de la Société des Nations, et le développement de l'idée d'une Europe unie. Ainsi, Aristide Briand, avec son homologue allemand Gustav Stresemann (1878–1929), a négocié le Pacte de Locarno (1925) et a parrainé l'entrée de l'Allemagne dans la Société des Nations (1926). Briand a également été à l'origine de la guerre "interdite" du pacte Kellogg-Briand.
Enfin, dans un discours célèbre qu'il a prononcé devant l'assemblée générale de la Société des Nations le 5 septembre 1929, il a exprimé son soutien à «une sorte de lien fédéral» qui unifierait «des peuples géographiquement regroupés comme ceux de l'Europe. " Un mémorandum, présenté le 17 mai 1930 en prolongement de ce discours, proposait l'union politique de l'Europe au nom de la sécurité et des liens plus étroits entre les économies européennes. Lionisé par certains, en particulier la jeunesse «réaliste» de la revue Notre temps, et méprisé par d'autres membres de l'extrême droite nationaliste de l'échiquier politique qui, comme L'action française, stigmatisaient les illusions et les chimères de l'homme qu'ils appelaient le «pacifiste bêlant», l'avenir de Briand s'assombrit au début des années 1930. Son échec à Genève fut aggravé, en 1931, par sa défaite face au modéré Paul Doumer (1857–1932) aux élections présidentielles françaises. Le temps de Briand était passé et sa propre volonté de continuer avait disparu. Il mourut le 7 mars 1932.