Constitution européenne 2004–2005

Le 29 octobre 2004, les vingt-cinq États membres de l'Union européenne (UE) ont signé le traité établissant une Constitution pour l'Europe (ci-après la Constitution). Si elle entre en vigueur, la Constitution remplacera tous les traités existants qui ont d'abord établi les Communautés européennes puis les ont réformés au fil des ans. Si une grande partie de la Constitution est tirée directement des traités antérieurs, il y a un certain nombre de nouveautés, telles que la création d'un poste permanent de président du Conseil européen et la création du bureau du ministre des Affaires étrangères de l'UE, soutenu par un nouveau Service d'action. La Constitution comprend 448 articles et 36 protocoles. Ses dispositions de fond sont regroupées en quatre parties:

  • La partie I traite des objectifs généraux, des compétences et du cadre institutionnel de l'UE;
  • La partie II incorpore la Charte des droits fondamentaux de l'UE;
  • La partie III contient plus de détails sur les politiques internes et externes et le fonctionnement de l'UE; et
  • La partie IV traite des dispositions générales et finales de l'UE, telles que la procédure de révision.

La voie vers la Constitution a été lancée lors du Conseil européen de Laeken des 14 et 15 décembre 2001. Les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE ont estimé que la réforme institutionnelle était essentielle en vue de l'expansion prochaine de l'UE de quinze à vingt-cinq États membres en 2004. Tentatives antérieures ajuster le fonctionnement institutionnel de l'UE n'avait produit que de maigres résultats. Le traité de Nice, signé le 26 février 2001, constitue l'exemple le plus notoire d'un accord complexe ne comportant que des réalisations minimes. Le Traité de Nice et ses prédécesseurs avaient été négociés lors de conférences intergouvernementales (CIG). Ce sont des réunions de représentants du gouvernement à huis clos. Pour tenter d'ouvrir le processus préparatoire de la réforme des traités, les chefs d'État ou de gouvernement ont décidé à Laeken d'établir une Convention. La Convention a réuni des représentants de tous les États membres, des parlements nationaux, du Parlement européen et de la Commission européenne. Elle a débattu en public entre février 2002 et juillet 2003. Sous la forte direction de l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing (né en 1926), la Convention a réussi à adopter - par consensus - un projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe. Le projet a été soumis au président du Conseil européen le 18 juillet 2003. Alors que la Convention préparait la Constitution, elle n'avait aucun pouvoir juridique pour amender formellement les traités existants. Cela nécessitait une autre CIG traditionnelle. Après une année de négociations difficiles entre les États membres de la CIG, la Constitution a été signée à Rome.

La Constitution ne peut entrer en vigueur qu'après avoir été ratifiée par les vingt-cinq Etats membres. Le processus de ratification se déroule conformément aux exigences constitutionnelles propres à chaque État membre. Cela implique parfois un référendum. En janvier 2006, treize États membres avaient ratifié avec succès. Lors des référendums en France et aux Pays-Bas, une majorité d'électeurs s'est prononcée contre la Constitution. En France, le référendum a eu lieu le 29 mai 2005. Avec un taux de participation de 69%, le «non» a obtenu 55% des voix. Le texte actuel de la Constitution n'a motivé qu'un cinquième des électeurs «non». La situation du chômage en France a été invoquée comme la principale raison du "non". Le référendum néerlandais a eu lieu le 1er juin 2005. Avec un taux de participation de 63%, le «non» a obtenu 62% des voix. Parmi les électeurs «non», 28% ont indiqué que leur motivation principale était la situation économique et sociale aux Pays-Bas, 23% ont voté «non» en raison de leur opinion générale négative sur l'UE, et 21% ont déclaré qu'ils étaient spécifiquement opposés le texte de la Constitution.

En réaction aux résultats en France et aux Pays-Bas, le Conseil européen des 16 et 17 juin 2005 a appelé à une période de réflexion pour permettre un large débat dans chacun des Etats membres. Si les chefs d'État ou de gouvernement ont déclaré que les référendums négatifs en France et aux Pays-Bas ne remettraient pas en cause la validité de la poursuite des processus de ratification, le gouvernement britannique avait déjà décidé le 6 juin 2005 de suspendre indéfiniment la procédure de ratification. Les référendums négatifs en France et aux Pays-Bas n'ont pas interrompu l'UE. Les institutions européennes ont continué à fonctionner sur la base du cadre conventionnel existant.