Farnèse, Isabel (Espagne) (1692–1766), reine d'Espagne. Isabel Farnèse, la deuxième épouse de Philippe V d'Espagne (régné de 1700 à 1724, 1724 à 1746), est née à Parme en 1692, fille d'Odoardo II Farnèse de la maison ducale de Parme et de Dorothy Sofia de Neuberg, duchesse de Bavière. Femme physiquement attirante, intelligente et cultivée, Isabel a toujours été aux côtés de son mari, le soutenant dans les tâches de gouverner avec sa forte volonté et son ambition de régner. Son mariage a été proposé au roi par l'abbé Giulio Alberoni (1664-1752), alors ambassadeur du souverain duc de Parme à la cour royale de Madrid.
Les érudits se sont longtemps disputés si la nouvelle reine était un instrument utilisé pour soutenir les revendications espagnoles sur les territoires italiens perdus par la paix d'Utrecht (1713) ou, au contraire, un façonneur actif de la politique italienne de l'Espagne, visant à gagner des États pour ses fils à règle, car les fils du premier mariage du roi étaient les premiers en ligne pour le trône d'Espagne. Dans les deux cas, son arrivée en Espagne a marqué un changement dans la direction du gouvernement. Avec le bannissement de la principale dame d'honneur de l'ancienne reine, la princesse d'Ursins, après un célèbre affrontement à Jadraque (1714), les conseillers français du roi sont limogés et remplacés par Alberoni. Alberoni s'occupa principalement d'organiser des campagnes infructueuses en Cerdaña (1717) et en Sicile (1718) avant de tomber en disgrâce. Les objectifs italiens qu'il préconisait furent poursuivis avec ténacité par la nouvelle reine, qui finit par voir son fils Charles introniser dans le royaume de Naples (1734) et son fils Philippe régner sur les duchés souverains de Parme, Plaisance et Guastalla (1748).
Ayant dû acquiescer à l'abdication de son mari en faveur de son fils Luís I (1724), Isabel a joué un rôle décisif dans la reprise de la couronne de Philippe V après la mort de Luís huit mois plus tard, surmontant énergiquement les obstacles constitutionnels et les scrupules de son mari. De la même manière, elle fut chargée de localiser la cour royale de Séville de 1729 à 1733, essayant de lutter contre les crises de dépression subies par le roi. Isabel a consacré les dernières années du règne à ses passe-temps favoris: la musique (Carlo Broschi, dit Farinelli, organisait des représentations à la cour); sa collection d'art (dont le succès est documenté dans son testament); et la construction de palais royaux, dont La Granja près de Ségovie, sa résidence préférée; le Palais Royal de Madrid, entièrement reconstruit après un incendie en 1734; et enfin le palais de Riofrío, son projet le plus personnel.
Après la mort du roi en 1746, Isabel est restée à Madrid, mais les intrigues qui tourbillonnaient autour d'elle à la cour ont persuadé le roi Ferdinand VI (dirigé de 1746 à 1759) d'ordonner sa retraite à La Granja, où elle vivait dans l'isolement mais néanmoins informée de les nouvelles du tribunal. Elle avait un dernier rôle politique à jouer. À la mort de Ferdinand VI en 1759, elle fut nommée dans son testament comme gouverneur des Royaumes d'Espagne, en attendant l'arrivée de Naples de son fils Charles III (gouverné en 1759–1788), qu'elle reçut à son entrée à Madrid. Bien qu'elle résidait à nouveau au Palais Royal, elle n'avait aucune influence politique. La mort la surprit alors qu'elle appréciait l'invitation du roi à passer quelque temps au palais royal d'Aranjuez en 1766. Ses restes reposent à côté de ceux de son mari dans la chapelle collégiale de La Granja.