Paul ambroise valéry

Paul Ambroise Valéry (1871-1945), souvent considéré comme le plus grand poète français du XXe siècle, fut le successeur de Mallarmé dans la tradition hermétique et intellectuelle et le challenger de tous les tenants de la spontanéité, de l'inspiration ou de l'effusion sentimentale dans la poésie.

Paul Valéry est né à Sète, sur la Méditerranée, le 30 octobre 1871, d'un père français d'origine corse et d'une mère italienne. Enfant, face à la mer, il rêvait de devenir capitaine de navire. Mais il manquait trop de mathématiques pour se qualifier à l'Académie navale, alors après avoir fréquenté le lycée de Montpellier, où son père avait déménagé, il est allé à l'Université de Montpellier en tant qu'étudiant en droit. La littérature l'intéresse cependant plus que la jurisprudence. En 1890, il rencontre Pierre Louÿs et André Gide, qui parlent à Valéry de la vie littéraire de Paris.

Le symbolisme était à la mode et le jeune provincial, qui écrivait des vers avec un zèle croissant depuis 5 ans, était impatient de prendre contact avec la capitale. Il a envoyé deux de ses poèmes à Stéphane Mallarmé, qui en a fait l'éloge, et au cours des 2 années suivantes, Valéry a publié plusieurs poèmes dans des revues d'avant-garde. Puis, au cours d'une nuit de violents éclairs et de tonnerre à l'automne 1892, alors qu'il rendait visite à des parents à Gênes, le jeune poète prometteur a vécu une expérience psychologique qui a réorienté sa vie. Pour des raisons peu claires, Valéry est sorti de cette crise avec la décision de se consacrer uniquement à la recherche du savoir. Il est allé à Paris et, dans une chambre d'hôtel nue, a passé ses journées à étudier et à méditer des problèmes de mathématiques et de psychologie.

Cependant, si Valéry avait renoncé à la poésie, il n'avait pas renoncé à la compagnie des poètes. Gide, Louÿs et Henri de Régnier lui rendirent visite, et il se rendit rue de Rome les mardis, lorsque Mallarmé reçut. Valéry n'avait pas non plus, pendant ce qu'on appelle sa période de grand silence, renoncé à toute écriture. En 1894, il a commencé La Soirée avec M. Teste (The Evening with Monsieur Teste), un étrange récit d'un homme qui s'efforce de vivre uniquement par l'intellect. En 1895, le Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, qui posait un idéal de capacité intellectuelle et créatrice, est apparu. Il avait également fait les premières entrées dans les cahiers dans lesquels, pendant 50 ans, il rédigeait ses réflexions. Cependant, il n'a publié aucun nouveau verset.

La question de l'emploi rémunéré a été réglée provisoirement par une nomination au Département de la guerre. Le travail ne plut pas à Valéry et en 1900, l'année de son mariage, il l'abandonna pour un poste de secrétaire particulier d'un administrateur de l'agence de presse Havas. Pendant les 20 années suivantes, Valéry a passé 3 ou 4 heures par jour dans ce service, un emploi qui lui a assuré un gagne-pain tout en lui laissant un loisir suffisant pour son propre travail. Il a occupé les premières années du siècle avec sa famille (il avait un fils et une fille), avec ses amis, et avec les événements sociaux et culturels de la capitale.

En 1912, à la demande de Gide, Valéry rassemble une partie de sa vieille poésie pour publication. Il avait besoin de quelques retouches, décida-t-il, et ce faisant, il se retrouva à composer à nouveau des vers. La Jeune Parque (The Young Fate) a commencé comme un exercice. Lorsque tous ses 500 vers ont été écrits et l'œuvre présentée aux lettrés de Paris (1917), les acclamations sont unanimes.

Dans la période d'après-guerre, Valéry publie de la poésie et des essais et prononce des discours. Comme d'habitude, il a assisté à des pièces de théâtre, des récitals et des dîners. Le modèle de sa vie était figé. Il se plaignait de ses tâches sociales et de sa santé et s'inquiétait pour l'argent, mais il ne pouvait pas se plaindre d'un manque de reconnaissance. En France et à l'étranger, il fut partout reçu comme l'un des plus grands lettrés. Il est fait membre de l'Académie française en 1925 et nommé à une chaire de poésie au Collège de France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré le découragement et les privations, il a exercé ses fonctions comme auparavant. Il mourut à Paris le 20 juillet 1945 et reçut des funérailles d'État.

Bien que Valéry diffère d'Henri Bergson à bien des égards, il ressemble au philosophe en s'intéressant plus à la manière dont l'esprit parvient à son but qu'au but lui-même. Toutes ses études de mathématiques, de philosophie, de psychologie, d'art, d'architecture, de littérature et de danse avaient pour but de comprendre l'esprit au travail. Il a souvent estimé que sa quête était vaine et que renoncer à l'accomplissement ou à l'action pour la connaissance était un mauvais choix. La question du faire contre le savoir a été pour Valéry une préoccupation de toute une vie: c'est un thème majeur de son écriture; c'était un facteur majeur dans son long silence; et c'est vraiment la clé de sa psychologie en tant qu'artiste et en tant qu'homme. Valéry a préparé 250 brouillons de Le jeune destin. Il croyait que la vigueur, la précision et l'habileté cool créaient un poème, pas une inspiration.

D'autres oeuvres de Valéry sont Le Cimetière marin (1920; Le cimetière au bord de la mer), qui offre un bon exemple de sa poétique; Odes (1920); Album de vers anciens (1920); et Charmes (1922). Ses œuvres en prose comprennent cinq recueils d'essais, tous intitulés Variété (1924-1944; Variété).

lectures complémentaires

Extraits de Valéry Carnets a Les Œuvres Collectionnées de Paul Valéry, édité par Jackson Mathews (1956-1975). Henry A. Grubbs, Paul Valéry (1968), fournit une excellente discussion sur la vie et l'œuvre du poète avec une bibliographie critique. Les autres études recommandées sont Elizabeth Sewall, Paul Valéry: l'esprit dans le miroir (1952); Jean Hytier, La poétique de Paul Valéry (1953; trans. 1966); et Norman Suckling, Paul Valéry et l'esprit civilisé (1954). □