Révolte Camisard

Révolte Camisard. La Révolte Camisard (1702-1704) a commencé dans les montagnes reculées des Cévennes du sud de la France et s'est étendue de là aux plaines bordant les villes de Montpellier, Nîmes et Alès (anciennement Alais). Il résulte des efforts de la monarchie de Louis XIV pour détruire le calvinisme orthodoxe suite à la révocation en 1685 de l'édit de Nantes (1598), qui avait accordé aux protestants français une tolérance limitée. La monarchie réussit à expulser ou à exécuter des pasteurs et des anciens et à démanteler l'Église réformée française, mais son succès ouvrit par inadvertance la voie à des méthodes moins orthodoxes d'expression religieuse dans les montagnes des Cévennes. Des épisodes de prophétisme populaire en ont résulté et des hommes, des enfants et surtout des femmes ont commencé à recevoir des révélations directement du Saint-Esprit. Pour les femmes, le prophétisme représentait une voie nouvelle et puissante par laquelle elles pouvaient exercer une autorité dans leur foi, et elles formaient l'épine dorsale du soutien et de l'approvisionnement de la rébellion. Un prophète masculin, Abraham Mazel, a organisé la première de plusieurs bandes rebelles en 1702 avec des ordres explicites du Saint-Esprit de détruire l'Église catholique. Appelé "Camisards" après le chemise, ou blouses blanches qu'ils portaient, les rebelles attaquèrent et incendièrent des églises, tuèrent des prêtres et accusèrent des persécuteurs, combattirent les armées royales, remportant plusieurs petites victoires.

Les Camisards ont mené une guerre de guérilla étonnamment moderne, en fonction du soutien de leurs villages d'origine et de leur connaissance intime du terrain familier pour tendre une embuscade aux détachements royaux et interrompre les communications. Les commandants envoyés pour écraser la révolte avaient l'habitude de mener un type de guerre très différent et se sont révélés incapables de trouver et de vaincre les bandes, qui semblaient apparaître et disparaître sans laisser de trace. Convaincus que le seul moyen d'arrêter la rébellion était de couper ses approvisionnements, les responsables royaux ont finalement eu recours à l'incendie de quelque cinq cents villages dans les montagnes et à la conduite de pogroms militaires meurtriers visant principalement la population civile.

Toujours tirée par le prophétisme apocalyptique, mais perdant le soutien populaire et manquant de fournitures, la rébellion a commencé à s'estomper lorsqu'un nouveau commandant, le pragmatique maréchal de Villars, a employé des amnisties pour négocier sa fin. Jean Cavalier, le chef rebelle le plus puissant et le plus réussi, fut le premier à se rendre. La mort peu après du chef le plus charismatique de la rébellion, Roland Laporte, a effectivement mis fin au conflit. Alors que de minuscules groupes de rebelles ont persisté dans les montagnes pendant quelques années, il n'y a plus eu de guerres de religion en France.

La rébellion Camisard a démontré le conflit classique de la foi et de la raison. Les prophètes rebelles n'ont jamais compris à quel point l'église qu'ils espéraient détruire avait fusionné avec la monarchie à laquelle ils déclaraient à plusieurs reprises leur fidélité. De même, les fonctionnaires royaux et les généraux, debout à l'aube des Lumières, n'ont jamais saisi la nature apocalyptique et mystique du prophétisme qui a déclenché et motivé la rébellion. Malgré son échec, la révolte a assuré que le protestantisme ne serait jamais entièrement déraciné de cette région de France et a jeté les bases du rétablissement d'une Église réformée française plus orthodoxe dans les années qui ont suivi.