René Robert Cavelier, sieur de La Salle (1643-1687), était un explorateur et colonisateur français, surtout connu pour sa découverte du delta du Mississippi. Sa carrière est un récit remarquable d'errances en Amérique du Nord et des intrigues de Versailles.
René Robert Cavelier, futur sieur de La Salle, est né le 21 septembre 1643, près de Rouen, dans une riche famille bourgeoise. En 1658, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, prononçant ses vœux en 1660. Mais Cavelier se révéla quelque peu intraitable, et après plusieurs tentatives infructueuses de se conformer à la discipline rigide de l'ordre des jésuites, il fut libéré de ses vœux en 1667.
Sans perspective en France, Cavelier suit les liens familiaux et l'errance et part pour la Nouvelle-France la même année. Il obtint aussitôt une seigneurie, connue sous le nom de Lachine, par ordre de son frère sulpicien sur l'île de Montréal. C'est un commentaire instructif sur le caractère du sieur de La Salle qu'il a ignoré la subvention et l'a rapidement revendu aux sulpiciens, qui lui avaient donné. L'argent lui a permis de satisfaire son désir de rechercher la rivière Ohio, «le chemin de la mer du Sud, et par là même la route de la Chine».
La première expédition de La Salle, en 1669, tourmentée par son inexpérience et celle de ses compagnons, ne réussit guère. Ses activités pour les 3 prochaines années restent un mystère. Grâce à la culture du comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, et à un voyage en France en 1674-1675, La Salle obtint Cataraqui (aujourd'hui Kingston) et la rebaptisa rapidement en l'honneur de son patron, le gouverneur Frontenac. En 1678, le roi lui accorda la permission d'explorer la partie ouest de l'Amérique du Nord. Au cours des 2 années suivantes, La Salle a parcouru le bassin des Grands Lacs aussi loin à l'ouest que le pays de l'Illinois.
Exploration du Mississippi
Après une brève visite à Montréal à l'été 1680, au cours de laquelle il essaya, sans grand effet, de satisfaire ses créanciers, La Salle repartit pour le pays de l'Illinois. A cette occasion, il atteignit le fleuve Mississippi, mais ne poursuivit pas son chemin. Il passa l'hiver à Michillimackinac et revint à Montréal à l'été 1681, suivant les ordres de Frontenac. Après une conférence avec le gouverneur et le décrochage de son principal créancier, La Salle se dirigea de nouveau vers l'ouest, résolu cette fois à rejoindre l'embouchure du Mississippi.
En février 1682, La Salle, avec 22 hommes, dont des guides indiens, avait de nouveau atteint le Mississippi. Ils descendirent la rivière par étapes faciles, s'arrêtant même assez longtemps pour construire un fort rugueux près de la ville actuelle de Memphis. Quelques lieues plus loin, ils atteignirent le point où l'expédition de Louis Jolliet avait tourné en 1673. La Salle atteignit enfin la mer, début avril. Dans une cérémonie aussi grandiose que possible, il prit solennellement possession de la Louisiane au nom de Sa Majesté Très Chrétienne, une démonstration plutôt bizarre d'hommes réduits à vivre de pommes de terre et de crocodiles.
Le groupe entreprit une brève exploration du delta, puis entreprit le long voyage de retour au Canada. La Salle tomba malade et ne revint à Michillimakinac qu'à l'automne de 1682. Frontenac, quant à lui, avait été remplacé comme gouverneur par AJL La Barre, qui excita une hostilité considérable contre La Salle parmi les marchands de la Nouvelle-France. Lorsque La Salle est finalement revenu à Montréal en août 1683, il a constaté que son autorité avait été suspendue et des accusations portées contre lui de compromettre la paix difficile entre les Français et les Iroquois. Dans les dépêches officielles en France, ses explorations ont été dénigrées comme étant de peu d'importance.
Projet de colonisation malheureux
La Salle estimait que le seul moyen de se justifier et de tirer profit de sa découverte était de porter son affaire devant la cour de Versailles. Une fois sur place, il fut pris dans les stratagèmes et les intrigues qui entouraient le roi. Il a été persuadé de se joindre à un plan visant à établir une colonie en Louisiane et, pour rendre la présentation plus forte, il a même accepté de modifier les cartes du territoire qu'il avait exploré. Le ministre, sur la base de documents et d'affirmations qui étaient des mensonges complets, a convaincu Louis XIV de restaurer La Salle pour favoriser et aider dans le projet d'implantation d'une colonie à l'embouchure du Mississippi, avec La Salle comme gouverneur de toute la vallée. du fleuve jusqu'aux possessions espagnoles. Le projet grandiose était voué à l'échec dès le départ.
La Salle se révéla tout à fait incapable de travailler avec Beaujeu, le commandant naval de l'expédition. En grande partie à cause de l'insistance obstinée de l'explorateur à suivre sa propre voie, le groupe, après de nombreuses mésaventures, s'est retrouvé déposé sur la rive du golfe du Texas, bien à l'ouest du Mississippi. Beaujeu, sa tâche plus ou moins accomplie, a navigué pour la maison en mars 1685, laissant La Salle et les 180 membres de son groupe pour construire leur colonie et trouver le belle rivière encore. En moins de 2 ans, le projet a complètement échoué et les 42 survivants ont malheureusement suivi La Salle vers le nord pour tenter de gagner le pays de l'Illinois. Le 19 mars 1687, près de la rivière Trinity, La Salle est assassiné par ses hommes.
On se souvient ainsi du paradoxal La Salle, mélange d'idéalisme et d'impraticabilité, comme le découvreur de l'embouchure du Mississippi et le chef de ce plan de colonisation malheureux. Son énergie et son courage doivent être reconnus, mais sa recherche passionnée de la renommée et de la gloire fait de lui l'un des explorateurs les plus déconcertants de l'intérieur de l'Amérique du Nord.
lectures complémentaires
La plupart des documents écrits sur La Salle sont en français. La meilleure étude en anglais est Jean Delanglez, Some La Salle Journeys (1938). La prose romantique de Francis Parkman, La Salle et la découverte du Grand Ouest (1869; plusieurs éditions ultérieures), vaut la peine d'être lu. Les références de Grace Lee Nute sont également utiles, Césars du désert (1943). Les œuvres les plus récentes sont Edmund Boyd Osler, La Salle (1967), et John Upton Terrell, La Salle: la vie et l'époque d'un explorateur (1968). □