BÉRULLE, PIERRE DE (1575–1629), ecclésiastique français. Fondateur de l'Oratoire français, le cardinal Pierre de Bérulle était un écrivain spirituel de premier plan et une figure majeure de la Réforme catholique dans son pays. Ce fut moins par ses écrits que par ses relations personnelles, ses actions politiques et la diffusion de sa pensée à travers ses disciples qu'il eut un tel impact sur ses contemporains.
Né en 1575 d'une famille noble, élevé par les jésuites et à la Sorbonne, Pierre de Bérulle est ordonné en 1599 et devient l'un des aumôniers de Louis XIII. Pendant un certain temps, il envisagea d'entrer dans la Compagnie de Jésus, à qui il devait la plus grande partie de son éducation, mais il se décida contre l'idée car les jésuites étaient encore exilés de France à l'époque. Ce lien original avec les jésuites est essentiel pour comprendre ses activités en tant que réformateur catholique car il a imité l'activisme religieux aux multiples facettes de la société, s'impliquant dans les controverses, l'éducation et les missions.
Il aida le cardinal Jacques du Perron (1556–1618), célèbre prédicateur et essayiste politique, dans ses controverses avec les protestants, mais son but était moins de contrer le protestantisme que de promouvoir la Réforme catholique. En particulier, Bérulle voulait remédier à la médiocrité du clergé. Pour lui, le prêtre idéal doit unir l'autorité spirituelle, la connaissance et la sainteté, qualités qui font trop souvent défaut aux prêtres ordinaires. Le Concile de Trente a promu la création de séminaires pour résoudre ce problème, mais ses décrets, non encore «reçus» en France, n'ont pu être officiellement mis en pratique. C'est pourquoi Bérulle fonda l'Oratoire de Jésus et de Marie en 1611 - sur le modèle des Oblats de Saint-Ambroise de Saint-Ambroise et de l'Oratorio de Saint-Philippe-Neri (1538-1584) - dont l'activité principale était la formation des prêtres et l'éducation des jeunes. Les communautés oratoriennes se développent rapidement dans toute la France (en 1515, soixante-treize résidences, dont dix-sept collèges et quatre séminaires; entre 1595 et 1630, onze collèges et dix-sept séminaires s'ajoutent). Comme les jésuites, leurs grands rivaux, les oratoriens dirigent des collèges et organisent de nombreuses missions dans la campagne française pour instruire et convertir les gens du commun et améliorer la qualité de leurs prêtres.
Bérulle a également travaillé en étroite collaboration avec les laïcs, notamment avec le dévots («dévot») qui s'est réuni dans le salon de sa cousine Madame Acarie (Barbe Avrillot, 1566–1618). Là, les clercs et les dévots exploré les œuvres de maîtres spirituels de la Le dévouement du moderne (Dévotion moderne) aux auteurs plus modernes et aux visiteurs du salon, tels que les capucins Benoît de Canfield (auteur de La règle de perfection [La règle de la perfection]) et Archange de Pembroke, le jésuite Peter Coton et Mgr François de Sales. Les objectifs, les moyens et les réalisations pratiques de la Réforme catholique française ont également été intensivement discutés par le groupe. Par exemple, le groupe de Madame Acarie encouragea la restauration de moniales françaises et l'établissement à Paris de deux couvents, celui du Carmel espagnol en 1604 et celui des Ursulines italiennes en 1610.
Bérulle a également été choisi pour de nombreuses missions diplomatiques en raison de ses talents considérables de négociateur. Par exemple, en 1619-1620, il a été envoyé à Marie de Médicis (1573-1642), la reine mère fugitive, afin de faire la paix avec le jeune roi Louis XIII (dirigé 1610-1643), avec qui elle était en guerre ( 1617–1621). En 1624, Bérulle fut choisi pour négocier avec le pape Urbain VIII les termes religieux du mariage entre Henriette de France, la jeune sœur de Louis XIII, et le futur roi d'Angleterre, Charles I (régné en 1625–1649). Bientôt, cependant, Bérulle et le puissant cardinal Richelieu s'affrontèrent sur la question des alliances politiques de la France: Bérulle favorisa l'alliance avec l'Espagne catholique, tandis que Richelieu préféra s'allier avec l'Angleterre protestante contre les Habsbourg. En conséquence, Bérulle fut écarté de la faveur, mais le pape, qui le tenait en grande estime, le fit cardinal en 1627, deux ans avant sa mort.
Aussi occupé qu'il fût, Bérulle n'écrivit pas beaucoup: principalement de courts traités, conférences et lettres sur la théologie, la piété et le mysticisme, dont les plus connus, qui traitent de l'incarnation de Jésus-Christ, sont Discours de l'état et des grandeurs de Jésus ... (Discours sur l'état et les grandeurs de Jésus-Christ [1623]) et L'élévation à Jésus-Christ sur ses principaux états et mystères (L'élévation à Jésus-Christ concernant ses principaux états et mystères [1625]). En fait, l'influence de Bérulle a dépassé la renommée de ses écrits. Alliant expérience spirituelle élevée, contemplation et action, il a apporté son soutien à diverses personnes: il était responsable du Carmel, il s'est lié d'amitié avec la famille royale, il a encouragé René Descartes dans son entreprise philosophique, et il a enseigné aux gens par opposition aux vues. comme Vincent de Paul et l'abbé de Saint-Cyran. À travers l'Oratoire, sa pensée se répand et ses idées-clés sont reprises par les fondateurs des séminaires et congrégations missionnaires français, tels que Vincent de Paul (Lazaristes ou Vincentiens), Jean Eudes (Eudistes), et Jean-Jacques Olier ( Sulpiciens).