Les frères Limbourg

Les frères Limbourg (actifs vers 1399-1416) étaient des enlumineurs néerlandais au service du duc français de Berry. Ils sont les plus célèbres de tous les peintres miniatures médiévaux et parmi les principaux représentants du style gothique international.

Bien que communément appelés les frères Limbourg, le nom de famille correct de ce trio d'artistes néerlandais est Maelwael (probablement un surnom signifiant «bien peindre»), et leurs prénoms sont Pol, Herman et Jehanequin. Pol est supposé être le plus ancien et le principal maître du groupe, bien que leurs styles de peinture soient inséparables. Ils ont commencé leur carrière, avant 1399, comme apprentis chez un orfèvre à Paris, ce qui peut expliquer la délicatesse et l'ornement de leur manière précise de peindre. En 1402, les jeunes frères entrent au service de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Philippe mourut 2 ans plus tard, et on ne sait rien des trois frères jusqu'en 1410, date à laquelle ils furent installés à la cour de Jean de France, duc de Berry. Là, ils jouissaient d'une telle faveur qu'ils pouvaient lui jouer une blague: en 1411, ils lui offraient un cadeau du Nouvel An d'un faux manuscrit enluminé fait d'un morceau de bois peint.

Les Limbourgs connaissaient bien les grands courants de l'art contemporain, qu'ils synthétisaient sans perdre leur originalité. Ils ont partagé avec leur prédécesseur à la cour du duc de Berry, Jacquemart de Hesdin, un enthousiasme pour l'art italien, et leurs œuvres révèlent de nombreux emprunts à la peinture florentine, siennoise et du nord de l'Italie.

Probablement le premier travail attribuable aux Limbourgs est le Bible moralisée, commandé par Philippe le Hardi; seuls les 24 premiers feuillets ont été illustrés par les frères. Ces enluminures, qui ont été achevées quelque temps avant 1410, sont sommaires et pas entièrement peintes, avec de délicats lavis de couleur appliqués aux personnages vus à travers des arcs d'encadrement. Le célèbre frontispice représentant Saint-Jérôme dans son étude est un dessin détaillé à la plume et à l'encre d'une grande beauté, en particulier dans l'architecture gothique enveloppante avec sa myriade de sculptures simulées. Une salle en forme de boîte dont le mur avant a été enlevé, un appareil à l'italienne, révèle l'intérêt dévorant pour la perspective - encore mal réalisé - qui était une caractéristique majeure de la peinture de style gothique international vers 1400.

Livres d'heures

L'atelier de Jacquemart de Hesdin avait produit quatre somptueux manuscrits, tous des livres d'heures, pour le duc de Berry, et les frères Limbourg en produisirent deux autres, le Belles Heures du duc de Berry (Également connu sous le nom Heures d'Ailly) Et le Très riches Heures du duc de Berry. Le Livre des Heures était le livre religieux le plus important entre les mains des laïcs. On y trouvait normalement un calendrier d'église, des prières des offices, ou des heures, de la Vierge (des matines aux complies), des psaumes et d'autres prières. Le livre pourrait être simple et non illustré ou un objet de luxe, ostensiblement et très cher illustré, comme le sont ces commandes du duc de Berry.

La Belles Heures (9 par 6 pouces de taille), achevé vers 1410, possède une gamme complète de superbes miniatures sur vélin dont les couleurs fraîches et brillantes n'ont pas changé avec le temps. La pleine page "Annonciation" (l'image pour les matines) est particulièrement splendide. Elle est marquée par de nombreux emprunts italiens, notamment de riches rinceaux d'acanthe pour les bordures au lieu de vrilles de feuilles de lierre du nord.

Très riches Heures

La Très riches Heures, de loin le manuscrit enluminé le plus célèbre jamais réalisé, fut commencé en 1413, laissé inachevé en 1416 à la mort du duc de Berry et des frères Limbourg, et achevé vers 1485 pour un propriétaire ultérieur. Le calendrier légitimement célèbre a reçu pour la première fois des illustrations élaborées en pleine page: les 12 grandes scènes sont toutes des paysages, à l'exception de la photo de janvier, qui montre le duc en train de banquet dans une salle tapissée (au lieu de la représentation médiévale habituelle du roi Janus à table). Les occupations restantes de chaque mois font une distinction nette entre les nobles et les pauvres, les fermiers faisant tout le travail et les courtisans élégamment vêtus de chasse et d'amour.

En février, par exemple, les paysans accomplissent leurs corvées dans un paysage enneigé, premier paysage de neige de toute peinture. En mars, un fermier laboure son champ devant le château du duc de Lusignan; c'est l'un des neuf «portraits architecturaux» remarquables du calendrier, principalement des nombreux châteaux du duc. Sur cette image, les personnages projettent des ombres prononcées, la première touche de réalisme de ce genre dans l'art depuis l'époque hellénistique. L'activité du mois d'avril est celle de courtisans partageant joyeusement les plaisirs d'un paysage printanier. La photo de juin montre la fenaison à l'extérieur de l'enceinte de Paris, avec la Seine et la Ste-Chapelle; et les mois continuent, chaque concept est nouveau. De nombreuses autres grandes illustrations, par exemple un "Zodiac Man" en frontispice, "La chute de l'homme au paradis" et "Hell", sont incluses dans ce livre d'heures surdimensionné, et il y a de nombreuses pages de belles décorations florales.

Trois éléments stylistiques se mêlent à ce monument principal du style gothique international. Le premier est l'idéalisation italienne, plus des motifs individuels qui révèlent la connaissance des frères d'œuvres d'art italiennes spécifiques. Deuxièmement, la tendance à une élégance maniérée de la forme, avec un accent sur les lignes calligraphiques et un raffinement excessif des proportions et de la tenue des personnages. Et le troisième est le nouvel élément de l'observation naturaliste.

Le travail des frères Limbourg met fin à la période d'influence italienne et de dépendance dans la peinture au nord des Alpes. Ce n'est pas avant près d'un siècle que les idées italiennes ont à nouveau eu la force de dominer l'esprit nordique.

lectures complémentaires

Les frères Limbourg sont discutés dans Millard Meiss, La peinture française au temps de Jean de Berry: les frères du Limbourg (sous presse), et dans l'édition en fac-similé de The Très Riches Heures of Jean, Duke of Berry (1969), avec une préface de Millard Meiss. D. Diringer, Le livre illuminé: son histoire et sa production (1958; rev. Ed. 1967), est recommandé pour le contexte général. □