Pierre Paul Royer-Collard, homme d'État français et professeur de philosophie, est né à Sompuis, village de l'actuel département de la Marne. Il représenta ce département à la Chambre des députés de 1815 à 1839, généralement dans l'opposition. Il est surtout connu comme le chef de la Doctrinaires, un groupe dont les membres tiraient leurs opinions politiques de ce qu'ils croyaient être des principes immuables et évidents. Ces principes ont conduit à un compromis entre la monarchie absolue et constitutionnelle, et bien que les principes aient été soutenus par Louis XVIII, ils ont été rejetés par son frère et successeur, Charles X.
Royer-Collard avait peu ou pas de formation philosophique. Néanmoins, de 1811 à 1814, il fut professeur de philosophie et doyen à la Sorbonne. Il a d'abord donné des conférences sur Thomas Reid et plus tard sur ses propres opinions. Tout comme ses opinions politiques étaient un compromis, il recherchait en philosophie un compromis entre l'aile gauche du sensationnalisme et l'aile droite du traditionalisme autoritaire. Il l'a trouvé dans la philosophie de Reid. Royer-Collard a rejeté le sensationnalisme au motif qu'il ne pouvait pas rendre compte du jugement, qui est toujours quelque chose apporté au matériel sensoriel par l'esprit actif. Puisque l'esprit individuel est actif et capable de porter des jugements, il n'y a pas besoin d'une autorité surnaturelle pour lui dicter. A la place d'une telle autorité, il a substitué le bon sens, qui est une consolidation des jugements de tous les hommes. Mais cela n'impliquait pas un retour à la tradition sauf dans la mesure où la tradition elle-même est une expression du bon sens. Au contraire, chaque homme a en lui la capacité de distinguer entre le bien et le mal, le vrai et le faux, par une puissance qui ressemble à la lumière naturelle de la philosophie médiévale. Si cette faculté n'existait pas, soutenait-il, on serait coincé dans le solipsisme, car il n'y aurait aucune raison de croire que les conclusions d'un homme seraient en harmonie avec celles d'un autre.
Le bon sens, cependant, ne fonctionne pas entièrement sans les conseils de la raison. Pour prendre ses décisions, la raison utilise deux principes d'argumentation, celui de la causalité et celui de l'induction. La recherche de causes est intrinsèque à la pensée elle-même et ramènera inévitablement à l'idée d'une cause première. Car, à la suite d'Isaac Newton, Royer-Collard croyait qu'il ne fallait jamais accepter plus de causes qu'il n'en faut pour expliquer les phénomènes. Cependant, il ne semble pas avoir eu une idée claire de la nature d'une explication causale.
Le principe d'induction est un accompagnement nécessaire de celui de causalité, car c'est par induction que l'on découvre les similitudes essentielles entre les phénomènes qui permettent de les regrouper en une seule classe. C'est la nature de l'homme de rechercher ces similitudes, comme c'est sa nature de rechercher les causes.
À la suite de Reid, Royer-Collard a soutenu que la distinction entre sensation et perception est de la plus haute importance. La sensation est simplement le plaisir de l'expérience et est purement subjective. La perception est l'appréhension d'un objet externe comme externe. L'extériorité de l'objet n'est pas prouvée par le raisonnement; elle est jugée par un acte spontané de l'esprit humain, comme dans l'épistémologie du XXe siècle de GE Moore.
S'il n'existe que des fragments de la philosophie de Royer-Collard, recueillis par son admirateur Théodore Jouffroy, il est probable qu'il a vu la philosophie du bon sens comme un support de ses vues politiques. Le bon sens est la base de la vie communautaire; il fournit des thèses stables de la morale et de la religion; il a toute l'autorité de la loi naturelle; et pour ceux qui l'acceptent, c'est incontestable. Il est cependant généralement admis que la principale contribution de Royer-Collard à la philosophie française a été l'introduction en France de la philosophie écossaise.
Voir également Bon sens; Induction; odore Simon; Philosophie médiévale; Moore, George Edward; Newton, Isaac; Reid, Thomas; Sensualisme; Solipsisme; Traditionalisme.
Bibliographie
oeuvres de royer-collard
Les fragments philosophiques de Royer-Collard, édité par André Schimberg. Paris, 1913.
Discours prononcé à l'ouverture du cours de l'histoire de le philosophie. A very rare pamphlet in the Bibliothèque de l'Institut.
travaille sur royer-collard
Bien, George. Philosophies françaises de la période romantique, 157–164. Baltimore: Johns Hopkins Press, 1925.
Garnier, Adolphe. «Royer-Collard». Dans Dictionnaire des sciences philosophiques, édité par Adolphe Franck. Paris, 1875.
Spuller, Eugene. Royer-Collard. Paris: Hachette, 1895.
Taine, Hippolyte. Les philosophes classiques de XIXe siècle en France. Paris, 1857. A lire avec prudence.
George Boas (1967)