La révolte fédéraliste eut lieu à l'été 1793, à un moment charnière de la Révolution française. Le nom lui-même suggère un mouvement de décentralisation, une réaction au gouvernement central fort émergeant à l'époque sous la direction jacobine à Paris. Mais alors que la révolte était basée dans les villes de province, les rebelles ne cherchaient pas une république fédérée. Les fédéralistes ont plutôt protesté contre ce qu'ils considéraient comme une violation de l'unité et de l'intégrité de l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale à ce moment-là au cours de la Révolution était connue sous le nom de Convention nationale, élue à l'automne 1792 après que Louis XVI eut été renversé du pouvoir par un soulèvement parisien. Presque dès sa première réunion, la Convention nationale était désespérément divisée entre deux factions rivales: les députés modérés girondins et les radicaux Montagnards. Le premier point de discorde a été les massacres de septembre, qui ont coûté la vie à plus d'un millier de prétendus contre-révolutionnaires dans les prisons de Paris. Les dirigeants girondins dénoncèrent bientôt les tueries comme la conséquence inévitable de l'anarchie publique et accusèrent les principaux Montagnards d'avoir incité à la violence. Les Montagnards, dont beaucoup sont les champions de la foule parisienne, défendirent les massacres comme un exemple regrettable mais nécessaire de justice populaire. Cette polarité se retrouve dans le procès de Louis XVI, l'impasse sur la constitution de 1793, le procès de Jean-Paul Marat et le débat en cours sur la légitimité de la politique populaire et l'influence de la foule parisienne sur la politique nationale. Cette amère division au sein de la Convention nationale, décriée tant par les Parisiens que par de nombreux citoyens de province, prend fin à la suite du soulèvement du 31 mai au 2 juin 1793, lorsque les militants parisiens imposent la proscription de vingt-neuf députés girondins. Près de cinquante administrations départementales ont protesté contre cette action par lettre, et quelque treize départements se sont engagés dans une résistance prolongée à la convention montagnarde dans ce que l'on a appelé la révolte fédéraliste.
La révolte s'est concentrée autour de quatre villes de province - Bordeaux, Caen, Lyon et Marseille - et dans chaque cas, ce sont les administrateurs départementaux qui ont pris les devants. Typiquement, les rebelles constituaient une nouvelle assemblée populaire pour diriger la résistance, afin de revendiquer le mandat du peuple pour ses actions, et probablement pour détourner les accusations de trahison des conseils administratifs officiels. En plus d'envoyer des délégations ou des lettres de protestation à Paris, ils se sont déclarés en état de résistance à l'oppression, ont retiré leur reconnaissance de la Convention nationale et de toutes les lois adoptées depuis le 31 mai, et ont appelé leurs électeurs à prendre les armes et à marcher vers la capitale pour remettre les députés proscrits au pouvoir. À Caen et à Marseille, les rebelles arrêtèrent des représentants en mission (députés nationaux) au tout début de la révolte, les prenant en otages, en quelque sorte, contre la sécurité des Girondins proscrits.
Sept départements bretons et normands ont envoyé des délégués au Comité central de résistance à l'oppression, réuni à Caen. Cette assemblée a publié un manifeste, ce qui se rapproche le plus d'un programme fédéraliste. À la mi-juillet, une petite force quitta Caen pour Paris, mais il y eut peu de soutien populaire à la révolte en Normandie ou ailleurs et l'appel à une marche sur Paris échoua à constituer une menace sérieuse pour la capitale. La force normande s'est dispersée après une seule et farce bataille près de Vernon, et aucune des autres forces rebelles n'a même quitté les limites de ses propres départements. Mais avec les rébellions paysannes vendéennes, la révolte fédéraliste confronta la jeune République française au danger très réel de la guerre civile, et les Montagnards répondirent avec force à cette menace. Ils ont d'abord présenté une défense du soulèvement du 31 mai et de la proscription des députés girondins, qu'ils ont fait circuler dans les provinces via des envoyés spéciaux. Puis ils ont agi rapidement pour achever une nouvelle constitution, adoptée dans la Convention et présentée à la nation fin juin. En juillet, les Montagnards préparèrent un acte d'accusation contre les députés proscrits, mais ils ne seront traduits en justice qu'en octobre. Enfin, le Comité de salut public a envoyé des forces armées pour réprimer la rébellion dans les régions qui ont continué à résister.
La révolte fédéraliste s'est effondrée rapidement à Caen, et Robert Lindet a supervisé une répression remarquablement douce à la fin de l'été, destituant les responsables rebelles de leurs fonctions, plaçant beaucoup en état d'arrestation, mais n'ordonnant aucune exécution. A Bordeaux et à Marseille, où la résistance à Paris perdure jusqu'aux derniers jours de l'été, la révolte prend fin sans résistance violente, mais la répression qui suit envoie environ trois cents rebelles à la guillotine dans chaque ville. À Lyon, cependant, les rebelles fédéralistes ont exécuté le principal jacobin de la ville, Joseph Chalier, et la ville n'a capitulé qu'après un siège de deux mois. En octobre, la Convention nationale a décrété que «Lyon n’est plus», l’a rebaptisée «Ville-Affranchie» et a envoyé en mission les représentants, Georges Couthon, Jean-Marie Collet d’Herbois et Joseph Fouché, pour superviser la répression. Ils ont ordonné l'exécution de plus de dix-neuf cents rebelles, faisant de Lyon l'un des sites les plus sanglants de la Terreur.
Si la révolte fédéraliste était en principe une réaction à la proscription des députés girondins, les causes de la révolte étaient beaucoup plus profondes. Les élites politiques de province s'étaient méfiées de l'activisme militant des sans-culottes parisiennes et se sentaient souvent menacées par la mobilisation de la politique populaire dans leurs propres villes. Ils ressentaient ce qu'ils considéraient comme l'influence excessive de Paris sur la politique nationale et l'ingérence des représentants en mission dans les affaires locales. Dans la révolte fédéraliste, les politiques nationales et locales se sont donc réunies, alors que les révolutionnaires français luttaient pour définir la souveraineté et comment elle devait être exercée.